LES FEMMES DANS LA RÉSISTANCE EN PAYS LORIENTAIS

En Bretagne, les résistant·es sont jeunes : 45 % ont moins de 30 ans en Ille-et-Vilaine et 56 % dans le Finistère (15 et 13 % de moins de 20 ans). Si la Résistance se composent majoritairement d’hommes, environ 10 à 15 % de femmes constituent ses effectifs.

Aux balbutiements de la Résistance organisée, elles hébergent, nourrissent, ravitaillent, défient ou transmettent des informations sur les déplacements de l’occupant.

Le 22 juin 1940, l’Allemagne nazie débarque sur l’Île de Groix à Port-Tudy. Elle prend place sur des positions stratégiques comme au Fort du Grognon et de Serville, le phare de Pen Men, les sémaphores, et occupe les écoles pour y installer leurs bureaux militaires. Pour construire de nouvelles fortifications, les nazis en manque de main-d’œuvre, déportent de nombreux prisonniers dès 1941. Beaucoup meurent de faim ou par manque de soin.

C’est dans ce contexte que Francine Puillon, originaire du village de Quéhéllo à Groix, refuse les avances d’un soldat nazi ivre en 1942.

Elle est abattue d’une rafale de mitraillette tirée à bout portant. En défiant l’occupant et face à l’oppression, Francine fera preuve de résistance. Nous ne l’oublions pas.

Sur le continent, à Bubry, situé à 30 km de Lorient, la famille d’Yvonne Nicolas tient une boulangerie dans le bourg, et possède un téléphone permettant d’avertir sur les mouvements allemands.

La jeune femme entre en résistance spontanément.

Elle nourrit et héberge, avec sa famille, des ouvriers réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire). En 1943, Yvonne rejoint le groupe FTPF Vaillant-Couturier avec lequel elle apprend à faire dérailler les trains.

La jeune bubryate devient agente de liaison pour les chefs du groupe, René Jehanno et Emile Le Carrer, qui sont en lien avec d’autres groupes FTP. Jehanno trouve Yvonne « remarquable, audacieuse et intrépide » et la recommande.

Elle part dans le nord de l’hexagone pour travailler sous les ordres d’André Duroméa.

Chargée de la lecture et du chiffrage des codes ainsi que leur transmission aux autres agent·es de liaison, notamment au moment du Débarquement en Normandie le 6 juin 1944, elle exécute des missions très dangereuses sans faiblir.

À Hennebont, situé à une dizaine de kilomètres de Lorient, plusieurs femmes participent à la Résistance locale comme Marcelle Guymare, ou luttent pour ses idées comme la militante communiste, Marie Le Fur.

Le réseau Cohors-Asturies s’implante à Hennebont grâce à Pierre Ferrand. Déjà à la tête d’un groupe actif d’une vingtaine de résistant·es, il entre en contact avec Jean Gosset au printemps 1943. En novembre, le groupe forme un maquis à Poulmein près de Baud. Il sabote, détruit, ou vole des explosifs.

Parallèlement, Cohors-Asturies collecte le maximum de renseignements. Le groupe se réunit très souvent dans l’arrière Café du Musée, rue des Douves.

La fille de la patronne, Marcelle Guymare, a 18 ans. Elle parle allemand. Or, c’est ici, dans ce même café, que se donnent rendez-vous les équipages des U-Boote nazis.

Accolé aux remparts de la ville, contre la porte Broërec’h, le lieu rassemble également de nombreux·ses jeunes hennebontais·es.

Les conversations vont bon train et elle n’en perd pas une miette. Avec Marcelle, le réseau Cohors-Asturies enregistre les mouvements des U-Boote et des soldats dans la rade de Lorient. L’arrière-salle du café sert de laboratoire pour préparer les sabotages de voies ferrées. On y met au point les engins explosifs, sous la direction de Ferrand et de Jean Gosset.

Par la suite, Marcelle devient agente de liaison, parcourt les routes du Morbihan à bicyclette pour transmettre des messages et des documents, ou pour transporter des armes.

C’est aussi elle qui est envoyée à Paris pour tenter de récupérer des documents que les résistant·es pensaient perdu·es par une camarade morbihannaise.

A Lorient, l’anarcho-syndicaliste et féministe de la CNT espagnole, Casilda Hernaez Vargas, qui a suivi son compagnon, Félix Likiniano, héberge les premiers saboteurs du pays lorientais dans son « Consulat Basque », situé dans le quartier Frébault à Lorient en 1943. Dans la clandestinité, elle va jouer sa vie pour la Résistance lorientaise. Considérée comme une « Rotspanier » (espagnole rouge par l’occupant nazi), nous serons à jamais reconnaissant·es envers Casilda !

Casilda décède d’une longue maladie, le 1er septembre 1992, à Lapurdi au Pays Basque.

Un an plus tard, en 1944, la pression sur l’Allemagne nazie s’accentue. L’occupant est préoccupé par le Débarquement, les différentes poches bretonnes, et le manque de ravitaillement. C’est à ce moment que la Résistance groisillonne s’organise et se développe. Une autre Marie Le Fur née Stéphant, jeune femme et mère de six enfants, trafique photos et cartes d’identité. Elle permet à 180 prisonniers de s’échapper par bateau du bagne groisillon.

Un jour, le coup ne marche pas. Condamnée à 12 mois de prison à Vannes, elle s’échappe au bout de trois semaines et rejoint Guémené-sur-Scorff avant de prendre la route de Pontivy sans argent ni ressource. Elle y retrouve ses six enfants.

Si l’Allemagne nazie se retrouve de plus en plus acculée, elle continue ses harcèlements et ses excutions comme dans le village de Keryacunff à Bubry. À l’aube du 26 juillet 1944, à la suite d’une dénonciation, des unités nazies renforcées par des rats et miliciens nazis bretons dont plusieurs sont originaires de Bubry, encerclent un groupe de résistantes.

Émile Le Carrer dit « Max », et Georges Marca, réussissent à décrocher, mais sont arrêtés à Guern le même jour et conduits à Locminé, où ils sont torturés.

Six autres résistant·es, sont fait·es prisonnier·ères et exécuté·es au lieu-dit Prat-er-Lann, après avoir combattu avec acharnement sans parvenir à se dégager.

Parmi elleux, quatre femmes sont fusillées, voici leurs prénoms, noms, et surnoms : Marie Gourlay dite « Dédée », Anne Robic dite « Nénette », Anne Mathel dite « Jeanne » et Joséphine Kervinio dite « Martine ».

Lorsqu’elles tombent sous la mitraille nazie, elles ont entre 17 et 23 ans pour la plus âgée. À la mémoire des FTP massacrées par l’occupant, nous ne les oublions pas !

Dans le Morbihan, les combats font rage. Le 27 octobre 1944, Joséphine Le Manach née Tilly dite « Fifine », engagée dans la Résistance très tôt. chargée d’un maquis à Largouat et Saint-Efoi, elle devient agente de liaison pour la compagnie FTPF « La Marseillaise ». Fifine a ensuite la responsabilité des postes de secours sur le front de l’Atlantique.

Présente pendant les combats les plus meurtriers de la Poche de Lorient, la jeune infirmière de 23 ans participe à l’évacuation des blessés, au sein du 15e bataillon des FFI commandées par Léon Razurel. Son action sauvera de nombreux·ses partisan·es.

Si la répartition des tâches sont la plupart du temps patriarcales, les femmes jouent un rôle central dans la Résistance. Moins suspectes aux yeux de l’occupant nazi et de la police collaborationniste française, les résistantes paient cependant un lourd tribut : environ 9 000 sont déportées dans des camps de concentration dont la moitié ne reviendra pas.

Dans le pays Lorientais, dans le Morbihan, et comme partout, elles sont un rouage essentiel pour la libération de l’hexagone.

Les femmes agissent dans la clandestinité, du ravitaillement au sabotage, en passant par la transmission d’informations à l’hébergement, les femmes mettent en péril leurs vies sans ne jamais rien céder aux tortures de l’Allemagne nazie.

À travers ces bribes de vies et ces parcours semés d’embûches face à l’occupant, elles ont participé activement à la Résistance alors même qu’elles n’étaient pas encore considérées comme des citoyennes. Leurs parcours représentent l’espoir vis à vis des différentes oppressions qu’elles subissent toujours aujourd’hui !

RETAILLEAU VEUT DISSOUDRE LA JEUNE GARDE : FAISONS BLOC

Le mardi 29 avril, Bruno Retailleau, sinistre ministre de l’Intérieur, annonçait lors des questions au gouvernement, engager une procédure de dissolution contre la Jeune Garde Antifasciste. De même, le collectif Urgence Palestine est aussi visé par une procédure de dissolution.

Interrogé par son allié du RNhaine, Sébastien Chenu, le même qui a refusé de participer à la minute de silence parlementaire pour Aboubakar Cissé, lâchement assassiné à la mosquée de Grand-Combe, Retailleau répondait ceci : « Je veux vous confirmer que dans quelques heures, la procédure contradictoire contre la Jeune Garde qui doit amener, je l’espère, à cette dissolution, sera engagée ». Auparavant, Alice Cordier du collectif fémo-nationaliste Némésis avait appelé à dissoudre la Jeune Garde lors d’une séance de question à Bruno Retailleau.

Ainsi, l’extrême droite institutionnelle et ses groupuscules ordonnent et le gouvernement exécute, alors même que de nombreuses attaques fascistes se multiplient aux quatre coins de l’Hexagone. 

Des lieux de fêtes sont visés comme à Albi, Caen, Nantes ou Lorient. Dans la nuit du 1er au 2 mai, une tentative d’intrusion a lieu dans un tiers-lieu lorientais, établissement déjà ciblé à de multiples reprises.

Nous assistons à une banalisation des discours racistes dans le champ institutionnel et médiatique. Le 26 mars dernier, devant un parterre de groupies réunit au Dôme de Paris, lançait « À bas le voile ! »

Des personnes racisées sont visées. Aboubakar Cissé décède, deux jeunes femmes musulmanes sont tabassées et étranglées, une autre se fait agresser et arracher son voile. Voici le résultat de ses paroles racistes et décomplexées !

Pas un jour ne passe sans une agression de la part des nervi·es d’extrême droite qui assument leurs actes devant un Etat français se pliant à chacunes des exigences idéologiques de l’extrême droite institutionnelle. 

Mais pour Retailleau, la priorité est de dissoudre une organisation antifasciste. 

La Jeune Garde est un collectif antifasciste actif depuis 2018. Un outil essentiel contre les idées des extrêmes droites et du racisme. Une organisation poussant à la réflexion et implantée dans de nombreuses villes.

Plus que la Jeune Garde, c’est tout notre camp social qui est attaqué par la menace de Retailleau. Depuis des années, il subit les attaques incessantes et réactionnaires de gouvernements à la dérive.

Quelles que soient nos convictions et notre diversité dans les tactiques, nous appelons à soutenir la Jeune Garde face à la répression et appelons à organiser la riposte antifasciste. Le gouvernement et ses allié·es d’extrêmes droite ne peuvent dissoudre l’antifascisme !

CAR NOUS SOMMES TOUS·TES ANTIFASCISTES !

CHRONIQUE SUR LA RÉSISTANCE EN PAYS LORIENTAIS

3 # LES GROUPES FTPF VAILLANT-COUTURIER ET CORENTIN CARIOU ANIMENT LE PAYS DE BUBRY

On l’a vu, dès 1941 voir avant, les contours de la Résistance se dessinent autour du renseignement, d’initiatives locales et des premiers attentats ou sabotages.

Au cours de l’année 1941, un groupe de jeunes combattants se constitue à Lorient sous la houlette de Joseph Le Nadan. Pierre Theuillon, un de ses camarades, réussit à louer une pièce dans une maison de la rue Edgar Quinet, au nez et à la barbe de l’occupant nazi. Une imprimerie clandestine s’installe dans le grenier. Des tracts sont fabriqués puis diffusés à Lorient, Keryado, Lanester et Hennebont, mais aussi dans les régions du Faouët, Quimperlé, Gourin, Guémené-sur-Scorff et Bubry.

C’est à Bubry et Quistinic, situés en zone rurale et à 37 km de Lorient, qu’en juin 1942, Émile Le Carrer dit « Max », âgé de 20 ans, s’emploie à organiser un groupe d’action. Auparavant formé à Quimperlé, il réalisait plusieurs coups d’éclats, comme le dépôt d’une bombe devant la Kommandantur de Quimper.

À l’automne 1942, sous l’impulsion de René Jehanno, d’Émile Le Carrer et de Le Du, le groupe Vaillant-Couturier des FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) voit le jour à Bubry. La plupart du temps, les FTPF se constituent en petits groupes, portés par des initiatives locales soit sur la base de l’ancienne OS (Organisation Secrète) ou par des initiatives de militant·es communistes. Les groupes FTPF sont composés d’une dizaine d’individu·es dont un chef de groupe et son adjoint (ou chef de demi-groupe).

Formé à la clandestinité au printemps 1943 dans le maquis de Bochelin Vihan, Vaillant-Couturier multiplie les actions, épaulé quelques mois plus tard par le groupe FTPF Corentin Cariou de Quistinic. Parmi ses groupes, on retrouve Yvonne Nicolas, qui deviendra plus tard une brillante agente de liaison pour la Résistance. Une vingtaine de déraillements de convois nazis sont constatés à l’été 1943. Les destructions de lignes électriques et téléphoniques, l’auto-réduction de matériel, de tickets d’alimentation et de tabac s’étendent.

Les groupes accueillent également des jeunes refusant le Service du Travail Obligatoire (STO). Institué le 4 septembre 1942 par le gouvernement vichyste, le STO doit répondre aux exigences nazies de main d’oeuvre. On estime qu’un total de 600 000 à 650 000 travailleurs français sont acheminés vers l’Allemagne entre juin 1942 et juillet 1944.

Le 30 novembre 1943, le groupe Vaillant-Couturier attaque la gendarmerie de Guémené-sur-Scorff en représaille après le tir d’un coup de feu par un gendarme collabo sur Émile Le Carrer. Un soldat nazi est tué. Les actions se durcissent.

Pourchassé par l’Allemagne nazie et dénoncé par un paysan de Malguénac, huit jeunes résistants sont arrêtés par la gendarmerie de Pontivy en décembre 1943. 

Stationnés dans la ruine de Barrac’h à Malguénac, Raymond Guillemot, Joseph Le Mouël, André Le Mouël, Jean Mahé, Ferdinand Malardé, Jean Robic, tous originaires de Bubry, ainsi qu’André Le Garrec et André Cojan sont livrés aux allemands nazis. Un résistant parvient à s’enfuir, tandis que deux autres sont déportés.

Les cinq autres, Mahé, Robic, Malardé, J.Le Mouël et Guillemot, sont exécutés pour actes de sabotage sur les voies ferrées (7 déraillements au total), le 25 février 1944, dans la prison de Vannes, place Nazareth.

Raymond Guillemot, qui a vécu à Lanester, est fusillé à 10h13 avec son camarade Ferdinand Malardé. Ils ont tous entre 19 et 24 ans.

Dans leurs lettres d’adieu, ils expriment « leur aspiration au bonheur pour ceux qui vont survivre ». Même face au peloton d’exécution, ils ne baisseront jamais la tête. Dans un extrait, Raymond Guillemot note : « Je m’en vais le cœur calme avec la satisfaction d’avoir fait mon devoir ».

Le 7 février 1944, une rafle est organisée dans la région de Bubry, Baud, Camors et Quistinic par les rats nationalistes de la Bezen Perrot (créée par Célestin Lainé et intégrée dans les SS) et de Vissault de Coëtlogon ainsi que par des feldgendarmes nazis. Dix-sept résistants et civil·es sont arrêté·es durant l’opération.

Interrogé·es dans l’école de Baud, puis transféré·es à Rennes, iels sont déporté·es en Allemagne. Quatre personnes meurent en déportation.

Si sur le terrain, c’est un coup dur, les actions vont se déplacer à Quistinic, avec le groupe Corentin Cariou, dirigé par les frères Gan de Kéramour, début 1944. Les échanges entre les résistants de Bubry et de Quistinic se centralisent alors au niveau du bois de Kerdinam.

Le 15 avril 1944, le groupe FTPF Corentin Cariou attaque un poste d’observation anti-aérien allemand installé au village de Loge-Picot à Quistinic dans le but de recevoir des parachutages d’armes. Deux nazis, dont un maréchal des logis-chef et un caporal-chef, sont tués au cours de cette attaque qui sera suivi de terribles représailles.

Le 17 avril 1944, Joseph Perron est arrêté et torturé avant d’être transféré au Fort de Penthièvre, où il décède des suites des sévices subis. Le 18 avril 1944, Marcel Le Teuff est abattu lâchement par une rafale de mitraillette dans la prairie de Ty-Parez à Quistinic.

Le 21 avril, trois FTPF de Corentin Cariou, Émilien Gahinet, Henri Guillo et Louis Le Ruyet sont exécutés dans une cache d’armes située dans le bois de Kerdinam.

Leurs corps sont retrouvés le 23 avril 1944 dans une fosse appelée depuis le « trou des martyrs ».

Arrêté également le 21 avril, Raymond Péresse est torturé à Locminé, où il décède le lendemain. Le 22 avril, une cinquantaine d’habitants de Quistinic sont raflés puis envoyés en Allemagne sous la contrainte. Le 1er mai, Mathurin Guégan est tué à son tour à Quistinic.

Aux 27 résistantes quistinicois·es et aux tant d’autres, décédé·es en martyr·es, ne nous vous oublions pas !

Une fois de plus, malgré les pertes, les résistant·es vont faire preuve d’abnégation. Iels continuent le combat pour harceler l’occupant nazi, en perturbant et ralentissant les possibles renforts de troupes en route vers la Normandie.En août 1944, les résistant·es locaux sont incorporé·es aux FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). 

Iels ont alors la mission de stabiliser le front et de participer à la libération de la Poche de Lorient.

UN GROUPE FASCISTE TENTE DE S’IMPLANTER À LORIENT : QUI EST AN TOUR-TAN ?

An Tour-Tan (ATT) ou appelé « le phare » en breton est un groupe fasciste implanté à Vannes depuis novembre 2022, et qui cherche maintenant à ouvrir une section lorientaise.

Son programme politique s’inspire très largement de celui de l’Adsav, un parti nationaliste et indépendantiste régional, d’extrême droite et actif jusqu’en 2016. Le groupuscule sous couvert de défense identitaire et culturelle bretonne, et qui se revendique comme un « mouvement de jeunesse des identitaires vannetais », veut s’implanter dans le pays lorientais.

Une soirée de lancement est prévue, le vendredi 25 avril à partir de 19h30, dans la ville de Lorient. ATT cherche à diffuser son idéologie d’extrême droite et nationaliste-révolutionnaire, alternant sessions de collages ou de stickages, conférences ou même soirées festives.

Mais sous un vernis d’apparence impassible, se cache une réalité bien différente.

Dans une enquête réalisée par Mediapart et publiée début janvier 2024, le groupuscule « brandit la culture régionale pour mieux diffuser son néonazisme ».

En août 2023, ATT qualifie Marc Augier, Yann Fouéré et Olier Mordrel de « piliers idéologiques ». Ses trois militants nationalistes se sont engagés dans la collaboration avec l’Allemagne nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Un des principaux membres du groupuscule ne cache pas non plus leur fascination pour le IIIe Reich. Dans un tweet de juin 2022, il explique avoir « environ 50 kilos de livres d’histoire sur la collaboration, le fascisme, le national-socialisme, néonational-socialisme ».

À quelques jours de la création d’ATT, il écrit que la « croix gé-ma » (gammée en verlan) est « vraiment le plus beau symbole du monde ».

Il est loin d’être le seul cas. Un autre membre se prend en photo avec un ouvrage consacré à la Division Charlemagne, l’unité composée de volontaires français de la Waffen-SS.

Les deux individus sont proches de Boris Le Lay, nationaliste breton néonazi et antisémite, visé par une notice rouge d’Interpol. Ajoutons à cela que d’autres militants toujours sous pseudo, ne cachent pas leur xénophobie et leur racisme sur X.

Plusieurs des membres d’ATT, identifiés, sont passés par des partis politiques. C’est le cas d’un individu, ancien militant à l’UDB (Union Démocratique Bretonne), positionné à gauche, ou bien d’autres amorçant leur militantisme au sein de formations d’extrêmes droites : RN, Re-conquête ou PNB (Parti Nénonazi Breton).

Présents à la manifestation du C9M (Comité pour le 9 Mai) à Paris, un défilé organisé pour rendre hommage à un militant néo-nazi décédé en 1994, ATT multiplie ses liens avec différents groupuscules ou partis d’extrême droite hexagonaaux et internationaux.

Un membre du « phare » assurait d’après Mediapart d’avoir participé à une action avec L’Oriflamme (groupuscule rennais) et interrompu un atelier sur l’égalité des genres destinés aux enfants, en Ille-et-Vilaine en 2023.

Le 30 mars 2024, ATT est présent à Pontivy (50 km au nord de Vannes) pour s’assurer de la bonne tenue du meeting de Sébastien Chenu, député RN. Une dizaine de leurs partisans font face au contre-rassemblement antifasciste et provoque celui-ci.

Quelques jours après, Blast publie une photo et explique dans un article ce qui suit : « Parmi eux des antifas disent avoir reconnu l’un des hommes présents à Saint-Brieuc lors de l’attaque du festival pour une Bretagne solidaire et ouverte le 1er juillet dernier ».

En juillet 2023, plusieurs militants antifascistes reconnaissent deux partisans d’ATT prenant part à cette attaque. Ils passeront entre les mailles du filet et ne seront jamais inquiétés par les autorités françaises.

Aussi actifs lors des manifestations à Callac contre un CADA, et à Saint-Brévin, où la maison du maire avait été incendiée, les membres d’An Tour-Tan sont partisans d’une société réactionnaire et violente. Ils oeuvrent pour mettre un projet fasciste, le tout en ayant utilisé les locaux vannetais de Re-conquête ou en appuyant les hommages au borgne, J-M. Le Pen.

En Europe, le groupuscule tisse des liens en Autriche, comme le 20 juillet 2024, pour une manifestation pour la rémigration (comprenez pour la déportation des populations non-blanches hors de l’Europe), en Flandres avec d’autres groupes nationalistes et autonomistes, ou en Irlande du Nord comme le rappelle la récente enquête d’un collectif antifasciste irlandais.

Ne laissons pas s’implanter An Tour-Tan, ni à Lorient et ni ailleurs !

Pour aller plus loin, voici quelques articles sur ses nervis :

BlastMediapart France 3 Bretagne

CHRONIQUE SUR LA RÉSISTANCE EN PAYS LORIENTAIS

2# DES BALBUTIEMENTS ET INITIATIVES AUX PREMIERS NOYAUX ORGANISÉS DE RÉSISTANCE EN PAYS LORIENTAIS

Du 17 au 25 juin 1940, l’Allemagne nazie envahit la Bretagne sans trop de difficultés. À cette époque, une partie de la région qui vote à droite fait-elle confiance au régime de Vichy ? Toujours est-il que dès l’été 1940, des hommes et des femmes, la plupart anonymes, se mettent en mouvement face à l’occupant nazi et ses allié·es.

Au début de l’occupation, de petits groupes se forment pour d’abord aidé des prisonnier·ères ou des blessé·es à l’hôpital à s’évader en leur fournissant des vêtements civils, faux papiers et planques. Par la suite, des filières de passage en zone sud, avec des relais amis se mettent en place. Ces initiatives sont les premières d’une longue série.

Du côté anglais, on se mobilise également. Pour des raisons géographiques et militaires, les côtes bretonnes détiennent une place importante dans les activités du renseignement britannique. Il comprend d’embléel’utilité des bateaux et des équipages de pêcheurs bretons. Entre fin 1940 et début 1941, des liaisons sont établies entre Penzance et la Bretagne.

Quelques dizaines de breton·nes accueillent ou relayent des agents envoyés sur place au péril de leur vie. Au cours des premières années de l’occupation, la Bretagne paye un lourd tribut. 

Plus localement, parfois, des hommes seuls occupent des positions stratégiques dans le renseignement et notamment à la base sous-marine de Lorient.

Les premiers sabotages et attentats face à l’ennemi nazi naissent dès septembre 1940. Le 17 septembre, Marcel Brossier est le premier breton fusillé pour sabotage de « câbles téléphoniques ». Les coupures électriques, premiers types de sabotages, sont plus facilement réalisables, si bien que 18 sabotages ont lieu entre l’été 1940 et fin juin 1941 dans le Morbihan.

Les premiers attentats contre l’occupant sont perpétrés. Fin 1940, trois soldats nazis sont tués à Lorient. Des incendies s’allument un peu partout dans le département où un train nazi déraille à Quiberon le 10 janvier 1941. De nombreuses formes de résistance se mettent en place. 

À Lorient, des manifestations publiques se produisent au printemps 1941, à la suite d’initiatives locales.

Le 20 mai, une diffusion de tracts (surtout à l’arsenal) provoque une manifestation contre le collabo Pétain. 3 000 personnes défient les barrages collaborationnistes et nazis. 

La répression qui s’abat sur tous·tes celleux qui s’opposent publiquement à l’occupation va renforcer les actions directes. Rixes et bagarres avec des occupants éclatent fréquemment. Les premiers fusillés le sont à la suite de ces accrochages. Le 22 mai 1941, un jeune pêcheur de Plouhinec, Louis Larboulette, est fusillé à Vannes pour avoir porté un coup de baïonnette à un soldat nazi.

Les contours de la Résistance se dessinent autour du renseignement, d’initiatives locales et des premiers attentats ou sabotages. En Bretagne et à Lorient en ce qui nous concerne plus particulièrement, un point important va faire basculer la Résistance dans les premiers noyaux structurés. Un tournant majeur s’opère le lundi 20 octobre 1941 à Nantes.

Il est 7h45, lorsque qu’un commando composé de trois résistants communistes, Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco, abattent le chef de la Kommandantur nantaise, Karl Hotz.

Informé de l’attentat, Hitler exige des représailles immédiates et l’exécution de 100 à 150 otages. Le gouvernement collaborationniste de Vichy est mis à contribution pour fournir une liste d’otages. Il donne les noms de 27 responsables syndicaux et militants communistes qui sont fusillés.

Les nazis actent également l’exécution de 16 otages détenus à Nantes. Ce sont des anciens combattants, des jeunes membres de réseaux de résistance, des communistes ou d’anciens membres des Brigades Internationales. Ils sont fusillés par petits groupes sur le champ de tir du Bêle. Enfin, cinq autres résistants nantais emprisonnés au fort de Romainville près de Paris sont fusillés au Mont-Valérien. Nous ne les oublions pas !

La fusillade des 50 otages (en réalité 48) provoque un choc dans l’opinion. C’est un tournant très défavorable pour les vichystes et leurs soutiens.

Le Parti Communiste français est à cette époque le seul parti politique à s’être réorganiser clandestinement.

En Bretagne-Sud, si l’arrestation du responsable régional Alain Le Lay, met à mal le PC français en novembre 1941, la Résistance communiste connaît un certain essor en 1942. A la fin du mois de février 1942, plus d’une vingtaine de groupes d’action sont constitués. Ils ont pour responsables de jeunes lorientais, de syndicalistes chevronnés comme, et de républicains espagnols. En mars 1942, des triangles urbains sont lancés dans le pays lorientais. 

A l’origine de ses triangles, on retrouve, Albert Le Bail et Jean-Louis Primas, tous deux lanestériens. Ils sont épaulés par le responsable des communistes espagnols, Ramо́n Garrido Vidal. Ensemble, ils disposent d’une trentaine de membres actifs dans plusieurs triangles du pays lorientais.

Appelés « Troïka » par les nazis, les triangles possèdent une seconde structure pour les actions plus offensives. 

Des groupes d’action immédiate se constituent. Le pays lorientais devient le théâtre d’une véritable guérilla urbaine. Le harcèlement dure toute l’année 1942, mais il est particulièrement réussi entre mars-septembre 1942, et ce, malgré l’arrestation d’Albert Le Bail le 13 juillet 1942. De nombreux attentats obtiennent des résultats significatifs.

Couplés à la propagande opérée par la distribution de tracts, les triangles procèdent à des incendies, à des attentats contre des établissements fréquentés par les allemands, ou à des dynamitages de lignes électriques. Outre l’intérêt d’aguerrir les membres de l’organisation, ces actions prouvent aux habitantes l’existence d’une Résistance active. Le pays lorientais constitue en ce sens une excellente caisse de résonance régionale.

En avril 1942, en Finistère-sud, c’est à nouveau le principe des triangles qui est retenu par Jean-Louis Primas. Accompagnés par Eugène Le Bris et Georges Abalain, ils s’emparent de plusieurs dizaines de kilos d’explosifs à la firme Heller près de Quimperlé.

Comment un triangle fonctionne-t-il ? Le chef du triangle conduit l’action principale en bénéficiant de l’appui direct de l’un de ses camarades placé en position dite de « première protection ». La couverture, « deuxième protection », protège le dispositif principal en assurant le guet ou la défense armée lorsque cela est nécessaire.

Les autorités vichystes ainsi que les Allemands prennent toute la mesure du danger représenté par ce harcèlement urbain. Dans une ville clé du dispositif stratégique nazi, l’organisation communiste doit être neutralisée. En juillet 1942 puis en janvier 1943, les fondateurs de ces triangles sont arrêtés. Albert Le Bail décède en déportation et Primas est fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 avec plus d’une quinzaine d’autres résistants communistes.

« Ils sont tombés en chantant, et en se tenant par la main »

CHRONIQUE SUR LA RÉSISTANCE EN PAYS LORIENTAIS

1# LA RETIRADA ESPAGNOLE

Le 26 janvier 1939, Barcelone, dernier bastion républicain, tombe aux mains des franquistes, aidés par les nazis allemands et les fascistes italiens. La chute de Barcelone entraîne avec elle un exode massif de centaines de milliers de combattant·es républicain·es et autant ou presque de civil·es vers la frontière française en janvier et février 1939. Prises sous le feu, les bombardements, et les mitraillages de l’aviation franquiste, iels transitent via les Pyrénées par les cols du Perthus et des Balistres principalement. Ce repli, qui est la quatrième vague de la « Retirada » (la retraite), est de loin la plus importante : 500 000 réfugié·es, dont 300 000 milicien·nes.

La frontière est ouverte pour les civil·es, mais les combattants et hommes en âge de porter une arme sont cantonnés aux portes de la France.

Sous la pression diplomatique internationale, elles s’ouvrent le 5 février 1939. Désarmés à leur arrivée en France, ils sont escortés vers des camps improvisés sur les bords du Roussillon : Argelès-sur-Mer, Barcarès, et Collioure. 

Parmi eux, on retrouve Ramón Garrido Vidal, militant du Parti Communiste espagnol (PCE), qui va jouer un rôle majeur dans les premiers noyaux organisés de la Résistance lorientaise.

Ramón est retenu prisonnier entre les camps de concentration d’Argelès-sur-Mer et de Barcarès.

Théorisés un avant, en 1938, par le gouvernement Daladier, les camps de concencentration sont construit quelques jours avant l’arrivée massive et sous-estimée des réfugié·es. Les conditions de vie sont précaires et âpres. Après plusieurs semaines de chaos, les tentes de fortunes plantées dans le sable laissent place aux baraquements construits par les réfugié·es.

Dans les camps, l’isolement, l’humiliation, la terreur du gouvernement Daladier et l’inaction forcée sont leur quotidien. Tout au long de l’année 1939, l’État français encourage les réfugié·es à se faire rapatrier. Harcelé·es par des tournées d’inspection ou des campagnes d’affichage, iels sont contraint·es à quatre choix : le retour en Espagne, un nouvel exil, l’embauche à l’extérieur ou l’engagement militaire.

À partir de mai 1939, le gouvernement Daladier, met en place les Compagnies de Travailleurs Étrangers (CTE). La plupart du temps, les « travailleurs » sont enrôlés de force, mis à disposition des entreprises travaillant pour la défense et en prévision de l’invasion nazie.

Malgré les difficultés, Ramón Garrido Vidal ne va pas oublier ses premiers engagements face au franquisme. Au début de l’année 1940, il devient responsable de plusieurs baraques de prisonniers puis membre de la Commission d’information du camp d’Argelès.

À la suite du lapinage de l’État français en juin 1940, le régime de Vichy qui est traditionaliste, xénophobe et antisémite, prend la succession. Il nomme à sa tête le collabo Philippe Pétain. Les CTE sont transformées en Groupe de Travailleurs Étrangers (GTE). Ce changement dans la loi permet aux collaborationnistes de contrôler et surveiller plus facilement les réfugiés espagnols. Des fiches individuelles sont établies avec la mention « S/zone occupée ». À cette époque, les réfugiés espagnols constituent la très grande majorité des effectifs.

En janvier 1941, la compagnie de Ramón est envoyée à Elne pour combattre les dégâts d’une inondation. Il est responsable d’une dizaine d’autres groupes du coin.

Le 30 juillet 1941, son groupe est livré aux nazis par les gendarmes français qui collaborent avec complaisance. Le transport en zone occupée est assuré par les forces de l’ordre françaises. Avant leur arrivée, les identités sont vérifiées par les services nazis.

Ramón se retrouve en Bretagne, à Brest, où il va travailler de force pour l’Organisation Todt. L’OT est chargée de construire cinq bases pour submersibles, de Brest à La Rochelle. Elle applique les ordres du nazi Karl Dönitz, commandant de la flotte sous-marine et futur successeur annoncé du IIIe Reich après la mort d’Hitler.

À Brest, de nombreux espagnols sont tués. Le militant communiste espagnol devient rapidement le responsable clandestin du camp. Il organise les premiers groupes armés espagnols de Brest et assure la diffusion de tracts dans la population ainsi que parmi les occupants (tracts en langue allemande).

C’est à partir de cette période que le périple breton de Ramón va prendre une nouvelle tournure.

En janvier 1942, la direction du PCE lui ordonne de quitter Brest pour rejoindre Lorient.

Il a pour mission de prendre la responsabilité du travail politique parmi les espagnols, structurer la Résistance locale, le tout en restant responsable de Brest. Ce qu’il fait après plusieurs allers-retours entre Brest et Lorient, sans papier et avec peu d’argent.

Son abnégation va payer et permettre aux premiers noyaux organisés de la Résistance lorientaise de naître. En lien avec Jean-Louis Primas, militant communiste et antifasciste, ancien combattant des brigades internationalistes, il se charge de la formation des groupes de combat et de sabotage du pays lorientais.

Ramón loge au 73, Rue Ratier avec Iñigo Portillo Pastheuros. Au côtés de Juan Sanchez Castillo, Maurice Theuillon, Georges Le Sant, Albert Le Bail, Jean-Louis Primas, Roque Carrion, et bien d’autres, il va combattre l’occupant nazi à Lorient !

TRANSIDENTITÉ ET TRANSPHOBIE : RÉFLEXION AVEC DES MILITANT·ES TRANS DU PAYS LORIENTAIS

Dans le cadre du Mois du genre, nous allons évoquer deux sujets particulièrement importants, la transidentité, un chemin encore semé d’embûches, et la transphobie, attisée depuis de nombreuses années par des discours réactionnaires et haineux de certaines sphères de la gauche bourgeoise à la fachosphère.
En février 2010, le ministère de la Santé publie au Journal officiel un décret qui retire « les troubles précoces de l’identité de genre » de la liste des affections psychiatriques. L’Etat français devient ainsi le premier pays du monde à franchir ce pas, un espoir pous tous·tes. Il faut neuf ans pour que l’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS, suive le même cheminement.
Si en théorie, le décret s’applique, en pratique, il n’est toujours pas évident de trouver des praticien·nes compréhensif·ves. Énormément de médecins ou d’endocrinologues demandent toujours un suivi psy, « c’est pathologisant au possible » nous explique un·e militant·e lorientaise qui a entamé son parcours de transition.
Iel poursuit en soulignant qu’il « faut souvent se justifier sur le vécu, répondre à des questions intrusives, et quand obtention d’un rendez-vous médical, on sous-dose les hormones pour les femmes trans ». Les gynécologues ou urologues restent maintes fois inaccessibles. Bien sûr, il existe des initiatives et des sites qui répertorient les 
professionnel·les de santé LGBT-friendly, mais cela reste minoritaire dans les petites et moyennes villes.
Iel poursuit en expliquant que très souvent « il faut se justifier auprès des institutions pour changer de prénom ». Le discours dominant pousse encore énormément vers une transition par l’appareil d’État et par une forte pathologisation de la transidentité, obligeant les adelphes à s’astreindre au système qui les oppresse.
En rédigeant cette publication, en questionnant les personnes qui suivent une transition, nous avons écouté des voix teintées de sincérité, qui luttent pour un monde sans exploitation ni oppression.
Iels se battent pour le remboursement intégral par la sécurité sociale de tous les frais liés à la transition, le changement d’état-civil sur simple demande, la PMA vraiment pour tous·tes, l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes, et de manière générale contre les LGBTIphobies.
Où que ce soit, ce chemin est semé d’embûches, médicalement et institutionnellement, tout comme il l’est physiquement et économiquement. Alors lorsque Maud Royer, présidente de l’association féministe Toutes des Femmes, et autrice, est venue à Lorient, le jeudi 20 mars, elle a apporté un soutien optimiste. La militante et plaideuse pour les droits des femmes, des personnes trans et lesbiennes, était présente pour discuter avec une vingtaine d’étudiant·es, de militant·es trans et féministes.
Pendant un peu plus d’une heure, elle a échangé sur son dernier ouvrage, le Lobby Transphobe. Elle y décrypte l’offensive réactionnaire transphobe inédite qui sévit en hexagone depuis de nombreuses années attisées par la droite, l’extrême-droite, et les mouvements transphobes.
Appelant à déconstruire les idées reçues tout en se basant sur son parcours militant, Maud rappelle que cet ouvrage est « plus une analyse politique », lancée au cours de l’été 2023.
Les offensives anti-trans en Hongrie ou aux Etats-Unis se multiplient, sous la coupe de deux présidents d’extrême-droite, et attaquent chaque jour les mouvements queers ou criminalisent les militant·es. En août 2024, la Géorgie adoptait une loi homophobe. Le lendemain, la plus célèbre femme trans, Kesaria Abramidzé était retrouvée morte, tuée probablement par son compagnon.
L’apanage de la transphobie ne s’arrête cependant pas aux portes de la droite. À gauche, une minorité de féministes ainsi que quelques psychanalystes s’emparent également du sujet, menant ainsi une offensive anti-trans, soi-disant à des fins féministes ou enfantistes.
Les TERF (Trans Exclusionary Radical Feminism), bien que majoritairement hétérosexuelles, n’hésitent pas à instrumentaliser les lesbiennes à coups de phrases telles que « les lesbiennes n’aiment pas les pénis » pour exclure davantage les femmes trans y compris dans les espaces queers. Fatalement, les femmes trans sont privées de leur féminité, traitées comme des hommes déguisés en femmes pour assouvir leurs prétendus fantasmes et infiltrer les milieux exclusivement féminins. Pourtant, les femmes trans subissent tout autant de misogynie, si ce n’est plus, car elles subissent aussi de la transmisogynie que les femmes cis.
Pourtant, il ne faut pas perdre espoir ! Dans cette période qui peut paraître « incertaine, sur une ligne de crête » selon Maud Royer, il subsiste des alternatives viables : de la pair-aidance à l’auto-détermination, en passant par les comportements alliés. La pair-aidance offre un soutien précieux par celleux qui ont vécu des réalités similaires et qui sont plus avancé dans leur propre cheminement.
L’auto-détermination renvoie à la possibilité, pour une personne trans, de changer le sexe figurant sur ses papiers d’identité par une simple déclaration publique, sans avoir à le justifier par un avis médical ou apporter une quelconque preuve de ce changement. Les comportements alliés, nous semblent plus que cruciaux, car oui, nous soutenons, à La Combative, les personnes de différentes orientations sexuelles, identités et expressions de genre pour contribuer à leur bien-être et à une plus grande acceptation de leurs réalités.
Enfin, l’antifascisme, dont les comportements alliés, doivent se renforcer avec la présence dans les luttes des personnes trans. Elle est une force motrice pour nos combats communs !

22 MARS : VÉLORUTION DANS LES RUES DE LORIENT !

Le samedi 22 mars, à partir de 14 h, le Collectif Lorient Agglo À Vélo (CLAAV), organise une vélorution (itinéraire de 11 km) dans les rues lorientaises, pour indiquer les aménagements dangereux, parce qu’à vélo, notre sécurité n’est pas en option !

Le collectif explique qu’à « Lorient, beaucoup trop d’aménagements sont dangereux ne permettent pas de circuler à vélo de manière sûre. Beaucoup de Lorientais et de Lorientaises, qui voudraient se déplacer à vélo, sont obligés de choisir un autre mode de transport, car ils ne se sentent pas en sécurité à bicyclette ». Pire, de nouveaux aménagements en cours de réalisation, comme l’avenue Jean-Jaurès ou le parc Jules Ferry, au niveau des arcades, ne prennent pas du tout en compte les déplacements à vélo.

Le CLAAV conclut son communiqué en rappelant que « c’est une aberration pour une ville qui se présente comme pro-vélo ».

La vélorution empruntera la rue de Belgique, la rue Foch, la rue de Merville ou le rond-point de la Découverte. Le départ se fera à la Place de l’Yser (dans le quartier de Kerentrech) à 14 h, et se terminera, Place Polig Monjarret vers 15h30.

Nous appelons nombreux·ses de nos abonné·es qui circulent en biclou à rejoindre la vélorution. Rendons-nous visibles, faisons-nous entendre !

 

Pour aller plus loin :

Enquête en cours sur le baromètre des villes cyclables (on vous invite à participer)

Site du CLAAV (Collectif Lorient Agglo À Vélo)

QUE RESTE-T-IL DE NOS LIBERTÉS FONDAMENTALES FACE AU FASCISME ?

Depuis le dimanche 2 mars, de nombreuses réactions d’organisations fleurissent un peu partout suite à la manifestation antifasciste et antiraciste organisée à Lorient : « Par le climat de violence créé par ce type de provocation, c’est l’exercice même de la liberté fondamentale de manifester qui est atteint. Or les atteintes aux libertés fondamentales sont, justement, ce qui caractérise le fascisme », ou encore « L’atteinte aux libertés fondamentales est le marqueur du fascisme ».
Très souvent, les mots « libertés fondamentales » et « fascisme », reviennent à de multiples reprises dans les différents communiqués. Juridiquement, les libertés fondamentales sont l’ensemble des droits primordiaux pour l’individu·e, assurés dans un État de droit et une démocratie.
Cette définition est intéressante, et elle est le point de départ de ce que nous allons dérouler par la suite.
Dans son ouvrage, Dissoudre, Pierre-Douillard Lefèvre explique ceci : « Il n’y a pas de passage soudain entre un régime considéré comme démocratique et une dictature, mais une infinité de nuances, un processus de transition, dont le curseur dérive progressivement ». Il souligne, qu’à de nombreuses reprises, il a dévié au cours de ses vingt dernières années : rejet du résultat sur le référendum de la Constitution européenne, écrasement policier des quartiers populaires suite à la mort de Zyed et Bouna, vote devenu accessoire puisqu’il suffit de diriger par l’article 49-3, appel à un coup d’État d’anciens généraux dans un journal d’extrême droite, blocus du Parlement par des syndicats d’extrême droite policier, etc. La liste est longue, et elle aurait déjà dû révolter dans un pays où on clame les libertés fondamentales ! 
Régionalement, un syndicat étudiant lorientais se voit visé par une arme à feu, des milices d’extrême droite se forme en dehors de tout droit. À Lorient, une milice raciste pourchasse des personnes racisées en juin 2023, sans être inquiétée. Pire encore, elle est soutenue par des politicien·nes de droite et d’extrême droite.
Ces derniers jours, à Rennes, Yovan Delourme, dit « Le Jarl », et sa petite équipe s’affranchissent de toute règle, pour frapper ou gazer la jeunesse antifasciste.
À quel moment les organisations qui ont rédigé un communiqué suite au 2 mars ont-elles réagi sur ses faits ?
Pierre Douillard-Lefèvre souligne que « nous assistons, abasourdis, à l’assemblage des pièces d’un funeste puzzle ».
Les droits primordiaux pour l’individu·e et la liberté d’expression, sont quant à elleux sérieusement menacé·es depuis la nomination de Macron. En décembre 2020, lors d’une manifestation contre la Loi Sécurité Globale, Adrien Adcazz, reporter depuis 3 ans (statut pigiste), accrédité pour médias QG, passe environ 34 heures de garde à vue dans un commissariat parisien. Le mardi 19 septembre 2023, à 6 h du matin, c’est au tour d’Ariane Lavrilleux, journaliste pour Disclose.
Son domicile est perquisitionné de fond en comble par des agents du renseignement français, équipés de matériels ultras-sophistiqués. Elle passe 39 heures en garde à vue. Ceux-ci ne sont que deux exemples parmi tant d’autres, malheureusement sous-médiatisés.
Les derniers espaces de libre expression sont censurés, chaque contestation d’ampleur est muselée comme lors des révoltes populaires en 2023 ou le soulèvement kanak. Les réseaux sociaux n’hésitent plus à rémunérer des influenceureuses pour discréditer la colère, ni à censurer massivement les appels à la révolte et manipuler les algorithmes. Il n’y a plus rien à envier à la junte birmane, au Kazakhstan ou à la Biélorussie.
Alors oui, l’idée selon laquelle toute atteinte aux libertés fondamentales relève du fascisme est un raccourci simpliste. Le fascisme théorise un projet de société, issu du « grand remplacement ». Il ne se définit pas uniquement par l’usage de la force, mais par un projet autoritaire, un culte du pouvoir et une négation systématique de vos droits.
Assimiler les actes de contestation du 2 mars, revient à nier la multiplication des stratégies et disqualifie toute action qui ne se conforme pas à l’antifascisme 
institutionnel. Intégrer que l’antifascisme est fasciste fait partie de la rhétorique d’extrême droite. Nous condamnons les communiqués des organisations qui ont évoqué cela !
Nous concluons par ce qui suit. En parcourant l’ouvrage de La Horde, 10 questions sur l’antifascisme, et le chapitre « La défense de la démocratie ? », voici une première réponse : « Il n’est pas inutile de rappeler que le fascisme en Italie comme le nazisme en Allemagne ne sont pas arrivés au pouvoir par la révolution ou un coup d’État, mais bien par la voie démocratique. Quant à l’extrême droite contemporaine, elle a montré qu’elle s’accommodait fort bien du système démocratique, et inversement que la social-démocratie n’avait pas de difficulté particulière à intégrer des idées d’extrême droite. Les politiques sécuritaires et migratoires des trente dernières années, menées par des gouvernements se disant de gauche ou de droite, en sont la meilleure preuve ».
Soyons clair·es, lorsqu’il sera nécessaire de faire barrage face à la sociale-démocratie, la macronie, et l’extrême droite, il sera important de le faire institutionnellement et dans l’espace public, car leurs visions n’est, sans nul doute, la votre !
La Bretagne est antifasciste ! Amitiés aux organisations qui ont choisit les mots et maux incorrects !

ALGUES VERTES : LE PORT DE LORIENT EN VERT POUR DÉNONCER L’AGRO-INDUSTRIE

Le samedi 22 février, aux alentours de midi, plusieurs dizaine de militant·es écologistes ont mené une action spectaculaire dans le bassin à flot de Lorient. De la fluorescéine représentant les algues vertes, s’est répandue dans l’avant-port. Régulièrement utilisée en ophtalmologie ou pour repérer les réseaux d’eau, tracer les cours d’eaux souterrains, et localiser les fuites, elle est inoffensive pour l’environnement.

Mais alors pourquoi viser le port de Lorient ? Car c’est la porte d’entrée de l’agro-industrie bretonne. Ici, débarquent plus de 892 000 tonnes de nourriture importée dont la plupart sont génétiquement modifiées.

Cette action, guidée le même jour par l’ouverture du salon de l’agriculture à Paris, dénonce l’agro-industrie, responsable de la prolifération des algues vertes via le nitrate. Produit à 94 % par l’agriculture, le nitrate est présent dans les engrais utilisés pour les cultures et dans les déjections animales issues de l’élevage intensif. Si son taux est anormalement haut, il ne faut pas oublier que la Bretagne et ses fermes-usines contiennent près de 7 millions de porcs, 950 000 bovins, et 83 millions de volailles.

Les algues vertes se nourrissent donc du phosphore et de l’azote directement issus des nitrates. En pourrissant sur le trait de côte breton, elles dégagent du sulfure d’hydrogène, potentiellement mortel. Chaque année 2 000 hectares d’algues vertes souillent notre littoral, asphyxiant mortellement la faune ou la flore, provoquant le décès suspect de travailleureuses comme Thierry Morfoisse en 2009 et d’habitant·es.

En réaction à cette action, Fabrice Loher, maire de Lorient a pris la parole sur les réseaux sociaux : « Que dire de cette action militante écologiste radicale ? La bêtise n’a décidément plus de limite. Il va être temps de dire stop à ces activistes salonards ». Rappelons tout de même que ces mêmes militant·es écologistes n’ont pas connu le luxe des bureaux feutrés de l’Hôtel Roquelaure, lieu du ministère de la Mer et de la Pêche.

Puisque ces 2 000 hectares ne suffisent pas assez, les militant·es écologistes ont coloré 0,02 % en vert fluo face à l’inaction étatique et pour exiger l’abandon de la « Pig and Run ».

La future course à pied du lobby porcin, doit être annulée ! Une pétition lancée le 19 novembre 2024 et qui appelle à ce boycott, rassemble plus de 35 000 signatures (pour signer, c’est par ici).

À l’issue de cette action, vers 13h, trois personnes sont interpellées puis deux sont relâchées dans la demi-heure suivante du commissariat lorientais. La dernière personne entendue en audition libre, sortira 1h30 après. Nous dénonçons, ici, le fichage et la criminalisation du mouvement écologiste. Nous apportons notre soutien à la lutte en vous rappelant, que le 28 juin prochain, un grand rassemblement festif se tiendra à Lorient.