TRANSIDENTITÉ ET TRANSPHOBIE : RÉFLEXION AVEC DES MILITANT·ES TRANS DU PAYS LORIENTAIS

Dans le cadre du Mois du genre, nous allons évoquer deux sujets particulièrement importants, la transidentité, un chemin encore semé d’embûches, et la transphobie, attisée depuis de nombreuses années par des discours réactionnaires et haineux de certaines sphères de la gauche bourgeoise à la fachosphère.
En février 2010, le ministère de la Santé publie au Journal officiel un décret qui retire « les troubles précoces de l’identité de genre » de la liste des affections psychiatriques. L’Etat français devient ainsi le premier pays du monde à franchir ce pas, un espoir pous tous·tes. Il faut neuf ans pour que l’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS, suive le même cheminement.
Si en théorie, le décret s’applique, en pratique, il n’est toujours pas évident de trouver des praticien·nes compréhensif·ves. Énormément de médecins ou d’endocrinologues demandent toujours un suivi psy, « c’est pathologisant au possible » nous explique un·e militant·e lorientaise qui a entamé son parcours de transition.
Iel poursuit en soulignant qu’il « faut souvent se justifier sur le vécu, répondre à des questions intrusives, et quand obtention d’un rendez-vous médical, on sous-dose les hormones pour les femmes trans ». Les gynécologues ou urologues restent maintes fois inaccessibles. Bien sûr, il existe des initiatives et des sites qui répertorient les 
professionnel·les de santé LGBT-friendly, mais cela reste minoritaire dans les petites et moyennes villes.
Iel poursuit en expliquant que très souvent « il faut se justifier auprès des institutions pour changer de prénom ». Le discours dominant pousse encore énormément vers une transition par l’appareil d’État et par une forte pathologisation de la transidentité, obligeant les adelphes à s’astreindre au système qui les oppresse.
En rédigeant cette publication, en questionnant les personnes qui suivent une transition, nous avons écouté des voix teintées de sincérité, qui luttent pour un monde sans exploitation ni oppression.
Iels se battent pour le remboursement intégral par la sécurité sociale de tous les frais liés à la transition, le changement d’état-civil sur simple demande, la PMA vraiment pour tous·tes, l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes, et de manière générale contre les LGBTIphobies.
Où que ce soit, ce chemin est semé d’embûches, médicalement et institutionnellement, tout comme il l’est physiquement et économiquement. Alors lorsque Maud Royer, présidente de l’association féministe Toutes des Femmes, et autrice, est venue à Lorient, le jeudi 20 mars, elle a apporté un soutien optimiste. La militante et plaideuse pour les droits des femmes, des personnes trans et lesbiennes, était présente pour discuter avec une vingtaine d’étudiant·es, de militant·es trans et féministes.
Pendant un peu plus d’une heure, elle a échangé sur son dernier ouvrage, le Lobby Transphobe. Elle y décrypte l’offensive réactionnaire transphobe inédite qui sévit en hexagone depuis de nombreuses années attisées par la droite, l’extrême-droite, et les mouvements transphobes.
Appelant à déconstruire les idées reçues tout en se basant sur son parcours militant, Maud rappelle que cet ouvrage est « plus une analyse politique », lancée au cours de l’été 2023.
Les offensives anti-trans en Hongrie ou aux Etats-Unis se multiplient, sous la coupe de deux présidents d’extrême-droite, et attaquent chaque jour les mouvements queers ou criminalisent les militant·es. En août 2024, la Géorgie adoptait une loi homophobe. Le lendemain, la plus célèbre femme trans, Kesaria Abramidzé était retrouvée morte, tuée probablement par son compagnon.
L’apanage de la transphobie ne s’arrête cependant pas aux portes de la droite. À gauche, une minorité de féministes ainsi que quelques psychanalystes s’emparent également du sujet, menant ainsi une offensive anti-trans, soi-disant à des fins féministes ou enfantistes.
Les TERF (Trans Exclusionary Radical Feminism), bien que majoritairement hétérosexuelles, n’hésitent pas à instrumentaliser les lesbiennes à coups de phrases telles que « les lesbiennes n’aiment pas les pénis » pour exclure davantage les femmes trans y compris dans les espaces queers. Fatalement, les femmes trans sont privées de leur féminité, traitées comme des hommes déguisés en femmes pour assouvir leurs prétendus fantasmes et infiltrer les milieux exclusivement féminins. Pourtant, les femmes trans subissent tout autant de misogynie, si ce n’est plus, car elles subissent aussi de la transmisogynie que les femmes cis.
Pourtant, il ne faut pas perdre espoir ! Dans cette période qui peut paraître « incertaine, sur une ligne de crête » selon Maud Royer, il subsiste des alternatives viables : de la pair-aidance à l’auto-détermination, en passant par les comportements alliés. La pair-aidance offre un soutien précieux par celleux qui ont vécu des réalités similaires et qui sont plus avancé dans leur propre cheminement.
L’auto-détermination renvoie à la possibilité, pour une personne trans, de changer le sexe figurant sur ses papiers d’identité par une simple déclaration publique, sans avoir à le justifier par un avis médical ou apporter une quelconque preuve de ce changement. Les comportements alliés, nous semblent plus que cruciaux, car oui, nous soutenons, à La Combative, les personnes de différentes orientations sexuelles, identités et expressions de genre pour contribuer à leur bien-être et à une plus grande acceptation de leurs réalités.
Enfin, l’antifascisme, dont les comportements alliés, doivent se renforcer avec la présence dans les luttes des personnes trans. Elle est une force motrice pour nos combats communs !

QUE RESTE-T-IL DE NOS LIBERTÉS FONDAMENTALES FACE AU FASCISME ?

Depuis le dimanche 2 mars, de nombreuses réactions d’organisations fleurissent un peu partout suite à la manifestation antifasciste et antiraciste organisée à Lorient : « Par le climat de violence créé par ce type de provocation, c’est l’exercice même de la liberté fondamentale de manifester qui est atteint. Or les atteintes aux libertés fondamentales sont, justement, ce qui caractérise le fascisme », ou encore « L’atteinte aux libertés fondamentales est le marqueur du fascisme ».
Très souvent, les mots « libertés fondamentales » et « fascisme », reviennent à de multiples reprises dans les différents communiqués. Juridiquement, les libertés fondamentales sont l’ensemble des droits primordiaux pour l’individu·e, assurés dans un État de droit et une démocratie.
Cette définition est intéressante, et elle est le point de départ de ce que nous allons dérouler par la suite.
Dans son ouvrage, Dissoudre, Pierre-Douillard Lefèvre explique ceci : « Il n’y a pas de passage soudain entre un régime considéré comme démocratique et une dictature, mais une infinité de nuances, un processus de transition, dont le curseur dérive progressivement ». Il souligne, qu’à de nombreuses reprises, il a dévié au cours de ses vingt dernières années : rejet du résultat sur le référendum de la Constitution européenne, écrasement policier des quartiers populaires suite à la mort de Zyed et Bouna, vote devenu accessoire puisqu’il suffit de diriger par l’article 49-3, appel à un coup d’État d’anciens généraux dans un journal d’extrême droite, blocus du Parlement par des syndicats d’extrême droite policier, etc. La liste est longue, et elle aurait déjà dû révolter dans un pays où on clame les libertés fondamentales ! 
Régionalement, un syndicat étudiant lorientais se voit visé par une arme à feu, des milices d’extrême droite se forme en dehors de tout droit. À Lorient, une milice raciste pourchasse des personnes racisées en juin 2023, sans être inquiétée. Pire encore, elle est soutenue par des politicien·nes de droite et d’extrême droite.
Ces derniers jours, à Rennes, Yovan Delourme, dit « Le Jarl », et sa petite équipe s’affranchissent de toute règle, pour frapper ou gazer la jeunesse antifasciste.
À quel moment les organisations qui ont rédigé un communiqué suite au 2 mars ont-elles réagi sur ses faits ?
Pierre Douillard-Lefèvre souligne que « nous assistons, abasourdis, à l’assemblage des pièces d’un funeste puzzle ».
Les droits primordiaux pour l’individu·e et la liberté d’expression, sont quant à elleux sérieusement menacé·es depuis la nomination de Macron. En décembre 2020, lors d’une manifestation contre la Loi Sécurité Globale, Adrien Adcazz, reporter depuis 3 ans (statut pigiste), accrédité pour médias QG, passe environ 34 heures de garde à vue dans un commissariat parisien. Le mardi 19 septembre 2023, à 6 h du matin, c’est au tour d’Ariane Lavrilleux, journaliste pour Disclose.
Son domicile est perquisitionné de fond en comble par des agents du renseignement français, équipés de matériels ultras-sophistiqués. Elle passe 39 heures en garde à vue. Ceux-ci ne sont que deux exemples parmi tant d’autres, malheureusement sous-médiatisés.
Les derniers espaces de libre expression sont censurés, chaque contestation d’ampleur est muselée comme lors des révoltes populaires en 2023 ou le soulèvement kanak. Les réseaux sociaux n’hésitent plus à rémunérer des influenceureuses pour discréditer la colère, ni à censurer massivement les appels à la révolte et manipuler les algorithmes. Il n’y a plus rien à envier à la junte birmane, au Kazakhstan ou à la Biélorussie.
Alors oui, l’idée selon laquelle toute atteinte aux libertés fondamentales relève du fascisme est un raccourci simpliste. Le fascisme théorise un projet de société, issu du « grand remplacement ». Il ne se définit pas uniquement par l’usage de la force, mais par un projet autoritaire, un culte du pouvoir et une négation systématique de vos droits.
Assimiler les actes de contestation du 2 mars, revient à nier la multiplication des stratégies et disqualifie toute action qui ne se conforme pas à l’antifascisme 
institutionnel. Intégrer que l’antifascisme est fasciste fait partie de la rhétorique d’extrême droite. Nous condamnons les communiqués des organisations qui ont évoqué cela !
Nous concluons par ce qui suit. En parcourant l’ouvrage de La Horde, 10 questions sur l’antifascisme, et le chapitre « La défense de la démocratie ? », voici une première réponse : « Il n’est pas inutile de rappeler que le fascisme en Italie comme le nazisme en Allemagne ne sont pas arrivés au pouvoir par la révolution ou un coup d’État, mais bien par la voie démocratique. Quant à l’extrême droite contemporaine, elle a montré qu’elle s’accommodait fort bien du système démocratique, et inversement que la social-démocratie n’avait pas de difficulté particulière à intégrer des idées d’extrême droite. Les politiques sécuritaires et migratoires des trente dernières années, menées par des gouvernements se disant de gauche ou de droite, en sont la meilleure preuve ».
Soyons clair·es, lorsqu’il sera nécessaire de faire barrage face à la sociale-démocratie, la macronie, et l’extrême droite, il sera important de le faire institutionnellement et dans l’espace public, car leurs visions n’est, sans nul doute, la votre !
La Bretagne est antifasciste ! Amitiés aux organisations qui ont choisit les mots et maux incorrects !

GRANDE MANIFESTATION RÉGIONALE ANTIFASCISTE – LORIENT DIM 2 MARS 2025

À l’appel du Front Antifasciste Lorient

 

L’extrême-droite Lorientaise agit en toute impunité ! Plusieurs évènements violents ont eu lieu depuis 2022 :

-Agression de syndicalistes avec arme à feu en marge d’une manifestation.

-Menace de mort avec arme à feu sur un syndicat étudiant.

-Tentative d’attaque aux abords d’un bar où se tenait une réunion d’écologistes.

-Divulgation d’identités, de photos et harcelèment de militant·es sur les réseaux sociaux.

-Tags haineux, discriminatoires et suprémacistes à l’UBS et sur les murs de Lorient.

-Tags haineux avant la Pride de Lorient.

-Intimidations dans la rue de militant·es.

-Pressions sur des lycées et des associations pour censurer des évènements scolaires.

-Montée de groupuscules fascistes qui s’organisent pour de l’action violente.

 

Face à la montée grandissante de l’extrême-droite dans le pays de Lorient, nous avons décidé de nous organiser sous différentes formes :  création de deux collectifs antifascistes depuis 2021, création d’un front commun antifasciste au début de l’été 2024, rassemblement des dizaines d’organisations politiques, syndicales, de collectifs et d’association lorientaise.

La montée de la violence d’extrême-droite à Lorient s’inscrit dans un contexte national mais aussi international où la percée et la banalisation du fascime opèrent depuis plusieurs décennies.  Entre 2000 et 2023 de nombreux partis d’extrême-droite ont émérgé et gagné en popularité. Récemment au niveau international, Donald Trump a été réelu pour un second mandat, soutenu par les géants de la tech. L’Europe n’échappe pas à la règle : en Italie avec Giorgia Meloni et en Hongrie avec Viktor Orban l’extrême-droite perce dans les urnes et arrive au pouvoir.

En France aussi, les politiques gouvernementales dictées par le capital ont besoin d’accroitre l’austérité et d’amplifier les pratiques autoritaires contre les exploité·es et les opprimé·es. Soutenue par un Président sans limite, la répression des mobilisations a multiplié les mutilé·es et les éborgné·es. Destruction des services publics et de l’environnement, transphobie, validisme, racisme d’Etat, obsession de l’immigration, islamophobie, néocolonialisme, politique impérialiste sont à l’agenda du gouvernement. Battus dans les urnes, censuré une première fois, le macronisme cherche son salut du côté de l’extrême droite qui accroit ainsi sa pression idéologique et politique. Des lois réactionnaires, liberticides et racistes sont votées avec l’appui du RN. Le paysage médiatique quand à lui est submergé par les discours haineux et fascisants, avec l’appui de quelques milliardaires. Des plateaux TV aux réseaux sociaux, des paroles nauséabondes légitimant les pires horreurs sont martelées toute la journée. Les lignes sont brouillées, les théories d’extrême-droite sont maintenant reprises au plus haut du gouvernement.

Nous sommes convaincu·e·s que la réponse à la montée de l’extrême-droite réside dans un combat  pour plus de justice et d’égalité sociale, pour toutes et tous. Car si il y a bien une chose que nous a démontré en juin dernier la mobilisation populaire et ce malgré la non prise en compte de nos aspirations, c’est qu’ensemble nous étions capables de nous organiser.

C’est pourquoi nous vous donnons rendez-vous le dimanche 2 mars 2025 à 14h30 sur le parvis du lycée Dupuy de Lôme à Lorient, pour une grande manifestation unitaire antifasciste régionale, pour défendre une Bretagne ouverte et solidaire, à l’appel de nombreux collectifs, associations, organisations politiques et syndicales.

Pour signer l’appel : signatures-2mars@riseup.net

 

Premiers signataires :

La CALE ( collectif antifasciste Lorient & environs ), UCL Lorient, Les Soulèvements De la Terre du Mervent, Solidaires 56, Nous Toutes Lorient, LFI Morbihan, Lanester En Commun, Union Pirate Lorient, SUD Santé Sociaux 29, PCF 56, Dispach’, Confédération Paysanne du Morbihan, Ingalañ, Comité Kreiz-Breizh Antifasciste (KB antifa), MJCF Morbihan, UDB Morbihan, R2R ( Réseau de ravitaillement des luttes du pays Rennais ), Parti de Gauche – Coordination régionale Bretagne, Les Écologistes Pays de Lorient, Groupe libertaire Francisco Ferrer, Gwened Antifa Crew, Bascule Argoat, NPA L’Anticapitaliste, VISA 29-22-35-44, Solidaires 22, Librairie Fracas, Librairie café Le temps qu’il fait, Campagne Désarmer Bolloré, CGT Agglomération Saint-Brieuc, CVA 22 (comité vigilance antifasciste 22), Colleureuses Brestois.es, Le Massicot Bretagne, VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifasciste), Front Commun Antifasciste 22, Union Pirate Brest, LDH Pays de Lorient, Librairie Divergences, FO Action Sociale 35 SDAS FO 35, l’Aprés Morbihan, Lorient en Commun, UCL Finistère, Union syndicale Solidaires 29, CNT-STAF29, Comité CGT chômeurs rebelles 56, CTFS ( Collective Trans en Finistère Sud ), Attac Pays de Vannes, Contrevents, Le Concept tiers-lieu, La France Insoumise 22, Insoumis.es Antifascistes Rennes, Jeunes Insoumis.es Rennes, Comité Rennais des Soulèvements de la Terre, LDH 22, Nous Toutes 35, Union syndicale Solidaires 35, Collectif Antifasciste de la Sarthe, Assemblée Antifasciste de la Sarthe, La Cimade Lorient, CNT-STM, FSU 22, FSU 35, CNT 35, SOS Racisme Lorient, Collectif Pays de Lorient en Transition, Union Départementale Force Ouvrière du Morbihan, Collectif Queer du Pays de Redon, Collectif Ker Arc-En-Luttes, ENSEMBLE! Bretagne Mouvement, Insoumis 29 QUIMPER-PENHARS, Jeunes Insoumis Brest, Insoumis Douarnenez, LFI 29, Contre-Attaque, Planning Familial du Morbihan, FSU 56, UL CGT Lorient.

KENAVO BOLLORÉ : FEST-DEIZ ET CARNAVAL SAUVAGE !

Levons les jambes, levons les bras (avant de lever les voiles) et allons danser dans le sud Finistère pour fêter et célébrer le départ de Bolloré. Allons chanter que la Bretagne n’est pas une terre de milliardaires, mais une terre solidaire. Venez avec tout votre Bagad et vos caissons de basses, vos cornemuses, vos voix et vos plus belles enceintes, venez en famille et en bande de potes : dimanche 2 février 2025 aura lieu un grand Fest Deiz sauvage.

Bolloré c’est LE financier qui soigne son image. Il aime se dire breton. On l’a vu en habit traditionnel Glazig, arborant une grande croix dorée pour fêter le bicentenaire de son empire. Il se présente lui-même comme le sauveur d’une entreprise familiale, de centaines d’emplois et du dynamisme de tout un territoire. Merci, c’est trop, il ne fallait pas ! D’ailleurs, cette petite chanson a des accents de fake news. C’est oublier un peu vite la baisse de 30 % des salaires dès son arrivée. C’est oublier la terreur qui règne dans ses entreprises et dissuade quiconque de protester. C’est oublier les générations de bretonnes qui ont donné leur santé pour construire la fortune de sa famille. Marjane Mao, elle qui a été chiffonnière à la papeterie d’Odet pendant 40 ans, témoignait déjà il y a un siècle « Tous ces chiffons étaient remplis de poussière et on toussait pendant la nuit. Il fallait que je dorme assise, tellement j’avalais de poussière ».

Il faut retourner l’équation, il n’a rien sauvé du tout : sans les milliers de vies exploitées, il n’y a plus de saga familiale, plus d’empire. Pour le démontrer, on propose un grand Fest Deiz carnavalesque au doux parfum de jacquerie : on lui prend son île, ses propriétés et on le laisse sur la chaîne de l’usine ou dans les plantations de palmiers. On jette ce sort à Bolloré, mais aussi à Pascal Praud, Cyril Hanouna, Éric Zemmour, tous les financiers, tous les influenceurs d’extrême droite, tous les miliciens facho avec qui il traîne. On teste ? Le temps d’un jour, de 10 ans ou plus ?

Dimanche 2 février 2025 sera donc jour de fête !

Dimanche 2 février 2025 sera donc jour de fête, ensemble, allons nous réapproprier l’espace public pour y mettre de la joie et suggérons à Vincent ce petit déplacement, peut-être les prémices d’un grand démantèlement et d’un immense soulagement. Car oui, nous l’affirmons haut et fort, nous le disons avec toutes les organisations qui ont signé l’appel à désarmer l’empire Bolloré, nous le chanterons même s’il faut : le groupe Bolloré doit être démantelé ! Pourquoi ? Car son projet, c’est le pillage des ressources au service du racisme, du patriarcat et du capitalisme le plus prédateur. Ce n’est pas un scoop, c’est largement documenté, lui-même ne s’en cache pas. C’est un militant d’une droite réactionnaire qui met son argent au service d’une guerre idéologique pour faire gagner l’extrême droite.

Ce démantèlement ne viendra ni du ciel, ni des politiciens, mais d’un grand mouvement populaire. C’est pourquoi nous irons très nombreu·ses danser dans le sud Finistère. Pour affirmer que la Bretagne est une terre d’accueil et de partage, que les seuls qui ne sont pas les bienvenus sont les Bolloré, Pinault et consorts. D’ailleurs, c’est bien connu « Tou.tes les breton·nes détestent Bolloré ».

Rdv dimanche 2 février à 14h00, Pointe de Beg Meil à Fouesnant (29). Attention ! Ne pas se garer sur le parking des Dunes, sinon on ne pourra plus danser.

Plus d’informations sur Désarmer Bolloré.

RÉPONSE À LA TRIBUNE DE DAMIEN GIRARD : ÉLECTORALISME VS ANTIFASCISME

Le vendredi 10 mai, nous avons pris connaissance comme plusieurs d’entre vous d’une tribune rédigée par Damien Girard, élu Les Écologistes-EELV d’opposition à Lorient, dans les colonnes de Libération : « Extrême droite : la digue bretonne se fissure, elle ne doit pas céder ». Si le titre tire un signal d’alarme incontestable, il est important d’y apporter réflexion et pragmatisme.

Dès les premières lignes de la tribune, Damien Girard salue la mobilisation de la préfecture de police de Paris quand à l’interdiction de la manifestion néo-nazie du C9M. La même préfecture qui violente des manifestant·es, la même préfecture qui assigne à résidence, fiche et enferme des militant·es, la même préfecture qui interdit nos manifs, qui pourchasse sans cesse les exilé·es et qui jette des familles à la rue.

Il paraît plus qu’évident de ne plus attendre de quelconques miettes venues d’en haut et de ne pas faire le jeu des pouvoirs autoritaires en place.

Nous rappelons que le tribunal administratif de Paris a suspendu l’interdiction de la manifestation néo-nazie du C9M. Plusieurs centaines de partisan·es d’extrême droite ont ainsi pu défiler au nez et à la barbe d’un pouvoir en place toujours plus aux abois. Pire, Valérie Hayer,candidate aux Européennes pour la macronie, n’a pas
hésiter à prendre la pose avec elleux.

Depuis plusieurs semaines, l’État français fait preuve d’une violente répression envers nos forces sociales. De multiples convocations, gardes à vue, ou plaintes ont lieu. Les exemples sont nombreux !

À travers tout le territoire, des manifestantes sont convoqué·es pour un cessez-le-feu et une paix durable en Palestine. Des syndicalistes sont placé·es en garde à vue et poursuivie·es pour avoir défendu·es leurs droits de s’exprimer. Une dizaine de défenseureuses de l’hôpital public de Carhaix sont convoqué·es sous le régime de la garde à vue. Ritchy Thibault, militant antifasciste, est convoqué le 3 juin prochain pour avoir dénoncé le RN, parti d’extrême droite.

En parallèle, les groupuscules d’extrême droite se décomplexent et prospèrent sans ne jamais être inquiétés par l’État français. À Lorient, cela dure depuis plus de deux ans déjà.

En octobre 2022, bien avant les agissements de Callac et de Saint-Brévin, des inscriptions royalistes, fascistes, nationalistes, et LGBTphobes apparaissent dans les
quartiers de Bodélio et de Nouvelle-Ville. En mars 2023, des camarades syndicalistes sont attaqué·es avec une arme à feu, puis gazé·es, près d’un bar du centre-ville. En juillet 2023, une milice d’extrême droite prête main forte à la police lorientaise. À leurs côtés, sont formellement identifiés plusieurs partisans de groupuscules d’extrême droite, dont un ex-saisonnier de l’ASVP de Lorient.

En décembre 2023, des inscriptions sous « faux drapeaux » (ou false flag) sont taguées sur une fresque de l’UBS Lorient. Quelques jours plus tard, le syndicat étudiant de l’Union Pirate Lorient est menacé de mort par arme à feu dans une vidéo, le propriétaire du compte YouTube, Briec L. est une nouvelle fois identifié.

En janvier 2024, un camion d’une société professionnelle est ciblé de tags nationalistes et nazis dans le quartier de Nouvelle-Ville à Lorient.

Plus récemment, en mai 2024, le meeting de l’insoumise, Mathilde Panot est visé de tags nationalistes et de stickers. Les tags sont signés de la « BRD NATIO » (brigade nationaliste), le O cerclé d’une croix celtique.

À proximité, on retrouve un sticker représentant le collaborationniste notoire de la seconde Guerre mondiale, Robert Brasillach. Les mêmes stickers que l’on retrouve près de l’UBS de Lorient !

Il n’y a peu de doute sur les auteurs de cet agissement. À leurs têtes, on retrouve un certain Maxime, présent lors de la milice raciste lorientaise en juillet 2023 et actif au sein du groupuscule « Brigade Nationaliste ».

Le 8 mai dernier, lui et sa clique de fascistes étaient présentes lors des commémorations lorientaises pour la fin de la Seconde Guerre mondiale et la capitulation de l’Allemagne nazie, sans ne jamais être inquiétés.

Pourtant, deux jours auparavant, ils ne faisaient pas prier pour sticker à la gloire de la collaboration.

Mais revenons à cette tribune. Il est regrettable de ne voir mentionner à aucun moment l’antifascisme, pourtant indissociable de nos luttes communes. Si aux yeux des réformistes, seule la lutte par les moyens légalistes seraient légitimes, le combat antifasciste ne doit pas être mené dans un cadre mené par les institutions et le
système en place, car ce sont ces institutions qui produisent du fascisme.

Des solutions existent, quelques pistes et exemples nous viennent en tête. À Rennes, une AG antifa, très efficace, brasse énormément de monde. Dans les Côtes-d’Armor, un front commun réunissant partis politiques, syndicats, associations ou collectifs, a été lancé en janvier 2024 à Saint-Brieuc. Cette initiative a permis de rassembler plus de 2 500 manifestant·es, le dimanche 21 avril. Le 8 février 2024, un collectif régional pour une riposte judiciaire s’est créé. En quinze mois, il a recensé pas moins de 54
intimidations et agressions sur le territoire breton.

VISA (Vigilance et Initiative Syndicale Antifasciste) existait déjà dans le Finistère, trois autres groupes nés dans la région courant 2023 : dans les Côtes-d’Armor, en
Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine.

Dans le pays lorientais, le CAM (Collectif Antifasciste du Morbihan) et la CALE (Collectif Antifasciste de Lorient & Environs) existent, organisent de nombreuses réunions publiques et conférences. Pourtant, on ne voit quasiment jamais de militant·es Les Écologistes-EELV présent·es à ses événements, hormis lorsqu’iels sont invité·es.
Rejoignez-les, mobilisez-vous à leurs côtés !

Vous avez raison, Damien Girard, il est temps de réagir et de dépasser les clivages. L’heure n’est plus à séduire un électorat de centre-gauche, frileux des questions
antifascistes, antiracistes, et queers. Nous n’oublions pas ce qui est fait à Lyon, ville gérée par Grégory Doucet (EELV) , où les expulsions se multiplient sous sa
mandature, où sa police municipale sert à réprimer les populations marginalisées.

L’antifascisme est une question primordiale, c’est même une question de survie. Il n’est plus question de faire les mêmes erreurs que cette sociale démocratie qui se meurt, avide de libéralisme. Il n’est plus question de négliger le travail de vigilance et de veille effectué par de nombreux·euses militant·es antifascistes, pour nos
libertés individuelles ou collectives.

Mobilisez-vous réellement pour faire un barrage efficace aux forces obscurantistes, aux groupuscules et aux partis d’extrême droite, et non à des fins électorales. Prenez l’exemple du front commun costarmoricain !

En attendant la suite, nous rappelons aux abonné·es que le CAM organise, le 7 juin prochain, à partir de 20 h, une nouvelle conférence sur les dangers de l’extrême droite et sur la pression qu’elle exerce dans nos écoles.

Enjeux et perspectives de la lutte antifasciste

Dans une période où les lois scélérates s’enchaînent, où les idées nauséabondes se propagent sur tout le territoire, une centaine de personnes se sont rassemblé·es, le samedi 17 février à Lorient, pour discuter des violences et de la rhétorique d’extrême droite, des outils/moyens disponibles pour lutter, s’organiser et se protéger.

Si l’événement a permis de mobiliser et de créer du lien entre les différentes organisations, associations, collectifs·ives, et individu·es, nous souhaitons revenir sur quelques points dans une démarche constructive afin d’analyser les enjeux et les perspectives données par cet événement.

Les sensibilités politiques représentées étaient variées, de la gauche partisane et institutionnelle (LFI, UDB, EELV) à des collectifs·ives féministe, queer ou antifasciste. C’est peut-être le point fort et le point faible aussi de ces tables rondes.

C’est une réussite, car plusieurs composantes de la gauche se sont rassemblées pour discuter et débattre de problèmes majeurs, permettant, on l’espère une prise de conscience chez certain·es. Cependant, il était difficile de dépasser le cadre de l’institutionnel et du réformisme, plusieurs intervenants étant issus de la social-démocratie. En effet, peu de remises en question d’un système trop bien établi, qui pourtant produit les conditions nécessaires à l’expansion du fascisme, le capitalisme. Là sont une partie des enjeux, nommer et définir nos adversaires collectivement pour ensuite définir une base théorique sur laquelle toutes les composantes de la «gauche» pourraient s’entendre. Par «gauche», on entend toute structure luttant pour plus de liberté et d’égalité réelle, luttant pour l’émancipation pour tous·tes, et par tous·tes.

On peut théoriser le fait que l’antifascisme est à deux vitesses, avec un antifascisme institutionnel, quasi inexistant dans la majorité des partis politiques, frileux d’un antifascisme plus combatif et offensif. Aux yeux des réformistes, seule la lutte par les moyens légaux serait légitime, et pour ces personnes, le combat antifasciste ne se mènerait que dans un cadre donné par les institutions et le système en place.

À contrario, des milieux autonomes, pour qui le dépassement des cadres institutionnels est l’essence même de l’autonomie politique. L’antifascisme ne peut se passer d’une dimension révolutionnaire, car ce sont ces mêmes institutions qui produisent du fascisme. Comment deux forces politiques aux idéaux divergents pourraient alors œuvrer dans un même but ? Là est tout l’intérêt de la désignation d’un ou d’ennemi·es communs, pour faire converger les différentes forces.

Les luttes sont plurielles, les acteurices de ces luttes aussi. Nous pensons que la diversité des tactiques a son intérêt dans la lutte antifasciste. Le fascisme est protéiforme, des groupes organisés aux bancs de l’assemblée, celui-ci s’exprime et agit de différentes manières mais toujours dans une même finalité, alors, pour mieux mieux le combattre, il faut l’attaquer sur tout les fronts. Au delà de la lutte légaliste, il est nécessaire de s’organiser collectivement pour dépasser l’impasse qu’est le réformisme, et reconnaître que d’autres modalités d’actions plus offensive aient leur place au sein de la lutte antifasciste et soient toutes autant légitimes. L’expansion fasciste doit-être combattue partout. Nous ne devons pas avoir peur d’employer des moyens plus combatifs, parce qu’en face nous avons un ennemi qui agit pour notre anéantissement commun, de tout ce qui ne rentre pas dans le cadre d’une société ultra réactionnaire et conservatrice. Si nous tolérons la non-tolérance, cette dernière se développe jusqu’à faire disparaître la tolérance. Nous ne pouvons pas courir ce risque. Si la non-tolérance représente un danger vital pour nos adelphes, des moyens pour lutter jugés jusqu’à présent illégitimes deviennent alors légitimes. La non-violence dogmatique est un privilège.

C’est pour ça qu’il est nécessaire d’ouvrir les ponts et de populariser la lutte et la culture antifasciste face à l’urgence. Des discours simplistes de rejet de l’autre aux justifications des inégalités et discriminations, l’éducation populaire est un moyen incontournable pour lutter contre l’extrême droite. L’apprentissage et la formation à l’esprit critique sont des fondations qui doivent permettre de développer la suite. L’enjeu réside aussi par le questionnement des dynamiques internes à nos groupes, à notre camp social, et que nous pouvons faire évoluer par des formations et des moyens de propager notre culture (auto-défense, projections, débats, éducation populaire etc).

Enfin, la lutte antifasciste doit être intimement liée à l’anticapitalisme, l’antiracisme, dans une logique d’intersectionnalité, et de lutte contre le patriarcat. Sur ce dernier point, Sébastien Bourdon, auteur de l’ouvrage «Une vie de lutte plutôt qu’une minute de silence», explique : «Dans l’imaginaire collectif, la figure de l’antifa est quasi systématiquement associé à celle d’un homme. S’il est indéniable que le milieu antifasciste reste assez largement masculin, la présence de femmes n’y est pas pour autant marginale». Depuis quelques années, des avancées ont lieu, avec la création de la Coordination Féministe Antifasciste en 2019. Une des fondatrices rappelle que «Nous voulons développer des leviers et outils pour contrer les obstacles que «nous rencontrons aux seins des luttes que nous menons. Il s’agit de comprendre et cibler les dynamiques patriarcales et racistes qui s’y jouent pour mieux les renverser et faire en sorte d’être toujours plus nombreuses à investir ces espaces. Il s’agit de mettre en lumière nos combats politiques pour les imposer et ainsi faire évoluer les lignes des luttes antifascistes afin que nos voix souvent invisibilisées, récupérées ou silenciées soient entendues». Un exemple à suivre sur le pays lorientais ?

L’antifascisme ne peut être vivant et représenter une alternative que s’il est pluriel, riche de la diversité de ses membres, de ses méthodes, de ses débats, et des alternatives qu’il porte. L’ennemi est commun, c’est le constat des partisan·es d’une société plus libre et égalitaire.

Pour en revenir sur le 17 février, il faut tout de même rappeler les points positifs de cet événement ! L’organisation s’est autogérée sans un véritable appui des institutions traditionnelles lorientaises, de nouveaux visages et des individu·es venu·es de nombreux départements ont fait le déplacement, et la présence du public a permis des interventions très souvent pertinentes. Cet événement suivait la venue de Vincent Edin pour la présentation de son ouvrage «En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite», et la conférence du CAM, «L’Extrême-droite : sa stratégie numérique». En moins de quatre semaines, ce sont trois événements qui se sont succédés, avec espérons le, une prise de conscience et l’envie de s’organiser chez les militant·es du pays lorientais.