LE RAP CONSCIENT EXISTE-T-IL TOUJOURS ?

Alors que la saison estivale des festivals a déjà débuté, on va s’intéresser au rap, prisé par un public très large. Apparu dans l’Hexagone au cours des années 1980 sur le modèle du hip-hop étasunien, il prend rapidement de l’ampleur et devient populaire dans les années 1990. Si aujourd’hui de nombreux·ses artistes mainstream sont en tête des « charts » ou classements musicaux grâce à l’apparition du streaming, que des magnats d’extrême droite sont désormais actionnaires, que reste-t-il du rap engagé et militant ? 

Avant de répondre à cette question, il parait important de comprendre à quel point l’apparition et l’expansion du streaming ont joué un rôle sur le rap. Ce dernier, qui est une des disciplines du hip-hop, est celui qui a connu le plus d’évolution ces dernières années : les battements par minutes ou BPM ont ralenti, les mélodies auto-tunés se sont imposés et les structures des morceaux se sont retrouvés complètement chamboulées. 

Les plateformes de streaming, soutenu par le capitalisme musical ont bien saisi cela pour faire un maximum de profit. Ainsi, ensemble, ils mettent en avant des artistes plus « bankables », ciblent des tranches d’âge spécifique en leur proposant un rap parfois aseptisé et contribuent à effacer les repères historiques essentiels à la compréhension du rap.

Il se retrouve mis à la disposition et surtout mis en avant pour tout un pan d’individu·es en discordance avec ce qu’est le rap comme culture. « Le problème qu’on a avec un public qui est en décalage avec la politique, c’est que pour beaucoup du coup, ils vont passer à côté d’un message et un message qui est très important dans le rap » comme le soulignait Akashioupersonne pour Raplume en novembre 2023. 

Peut-on oublier sa mémoire, sa transmission, son ancrage et ses histoires sociales ou politiques ? « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position » ?

Les revendications sociales ou politiques s’inscrivent dans une longue tradition du rap hexagonal. Le 21 mars 1997, un collectif réunissant une vingtaine d’artistes sort un morceau culte engagé politiquement. Intitulé 11’30 contre les lois racistes, ce manifeste antiraciste bâti sur un projet artistiquement ambitieux rassemble les plus grands noms du rap des années 1990 : Ménélik, Fabe, Passi, Stomy Bugsy et bien d’autres. À cette époque, le rap fran­çais est très poli­ti­sé. Les têtes d’affiche répondent à l’appel.

Dans le morceau, le collectif dénonce les lois mises en place par la gauche et la droite institutionnelle.

L’intro est percutante de suite : « Loi Deferre, loi Joxe, lois Pasqua ou Debré, une seule logique : la chasse à l’immigré. Et n’oublie pas tous les décrets et circulaires. Nous ne pardonnerons jamais la barbarie de leurs lois inhumaines. » À travers ce morceau, c’est toute la classe politicienne qui est visée.

En octobre 1997, 60 000 exemplaires sont écoulés. Les fonds récoltés sont reversés au Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB) qui dénonce le racisme institutionnel dont sont victimes les réfugié·es, et en particulier les violences policières.

En 1998, Ärsenik, groupe de rap français, originaire de Villiers-le-Bel, rappelait la punchline « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position » dans le titre Boxe avec les mots.

Cette punchline a été reprise depuis par de nombreux·ses artistes, dont Youssoupha dans Menace de Mort en 2012.

À cette époque, les rappeureuses sont en première ligne face aux attaques incessantes de tout un tas de journalistes, d’essayistes ou de politicien·nes de droite extrême et d’extrême droite qui estiment que le rap est une « sous-culture ». De nombreux·ses artistes prennent alors position et en parlent dans leurs musiques.

Aujourd’hui, le rap s’est développé, truste la tête des charts ou des plateformes de streaming. Des juristes relisent les textes pour vérifier que rien n’est condamnable d’un point de vue légal, les chef·fes de projet mettent des freins sur les textes qui pourraient nuire à la promo, et les artistes eux-mêmes se censurent en réfléchissant plus en termes de plan de carrière que de musique.

Pire encore, des magnats d’extrême droite comme Bolloré sont désormais actionnaires de labels !

Ce cocktail fait que des artistes ont de plus en plus de mal à condamner des positions prisent par des médias, par des politiciennes et par un système étatique.

Lorsque la parole est prise, comme dans No Pasarán avec 9’43 contre les fachos, l’initiative est sans doute salutaire, mais elle intervient bien tardivement. 

Pourquoi sortir le morceau au lendemain du premier tour des élections législatives de 2024 quand on sait que l’extrême droite et ses partisan·es redoublent et accentuent les attaques sur nos camarades depuis plusieurs années ? À titre d’exemple, lors des révoltes populaires du mois de juillet 2023 suite à la mort de Nahel, des milices s’évertuent à livrer des personnes racisées à la police française.

À cette même période, sur le pays lorientais, l’extrême droite locale intimide nombreux·ses de militant·es ou d’événements.

Les textes de No Pasáran sont inégaux, souvent confus et conspirationnistes. Un discours qui tranche avec son ancêtre du 11’30 contre les lois racistes. 

Dès lors faut-il repenser notre rapport au rap ? Existe-t-il des artistes à contre-courant et engagé politiquement ?

Alors, oui, il existe des contre-exemples !

Le 13 décembre 2020, un collectif de 33 MC’s sort un morceau plus que jamais d’actualité. Dans un contexte ravivé par le mouvement des gilets jaunes, par les meurtres de Zineb Redouane, de Steve Maia Caniço, de Cédric Chouviat ou par la loi sécurité globale.

13’12 contre les violences policières narre le racisme et les violences policières. Dès le début, le clip fait mouche, les textes sont talentueux, et des illustrations d’images qui nous rappellent combien l’Etat français a déchaîné sa milice tout au long de ces dernières années.

De Skalpel à Billie Broke, en passant par L’1consolable à de Tideux, les punchlines sont acérées ! Une belle découverte musicale.

Un autre artiste cristallise tout ce que l’Etat français et l’extrême droit déteste, le rappeur Médine. De par son tempérament et ses textes criant de vérité, Médine représente à lui seul tout ce que les politiciennes déteste : de l’annulation de ses concerts jusqu’aux menaces de mort, tout est bon pour nuire à un artiste qui fait de la lutte pour la justice sociale un cheval de bataille de ses chansons. 

Dans Généric, il livre un récital et un hommage à l’antifascisme. Dans Stentor, il réalise son clip aux côtés de plusieurs militantes de collectifs antifascistes où il explique « Nique les fafs, les Waffen-SS (Nique les fafs, les Waffen-SS), J’suis pas Stanislas, un peu Averroès ».Avec L’4mour, clip officiel du spectacle La Haine, il souligne « Mais, dans les contrôles de routine. On est des ramasseurs de balles. Mais tu veux savoir c’est quoi l’comble? C’est qu’ce soir, on fait salle comble ».

Le 29 avril 2023, Médine se produit à Lorient dans une salle comble. Quelques semaines auparavant, l’extrême droite locale et leurs nervis tentaient d’annuler la venue de SOS Méditerannée.

Ils en feront de même pour la venue du rappeur en se plaignant dans la presse régionale.

Ce soir-là, Médine fera danser et chanter plus de 500 personnes autour de ses sons cultes, du « Siamo Tutti Antifascisti » et du drapeau antifasciste Breizh Enepfaskour.

Il conclut son concert par « Lorient, j’avais aucun doute ce soir, le message est reçu ».

Car si Vald expliquait en mars 2025, sur le plateau de Quotidien, que si le rap est « de gauche quand il se veut militant, quand il essaie de décrire des trucs, il est de droite quand il est content d’avoir des grosses voitures », pour nous, il doit être engagé et militant ! Continuons, dans les manifestations à porter ce message, continuons à fleurir les têtes de cortèges de banderoles en reprenant les paroles d’artistes. Sur les réseaux sociaux, utilisons les audios de rappeureuses engagées dans nos publications.

Ces deux exemples récents sont loin d’être exhaustifs, nous vous invitons à venir l’enrichir en commentaires. Aussi, nous découvrons à peine la scène engagée régionale et internationale qui se mobilisent à travers leurs messages, mais nous en sommes sûr·es, soutenons les !

FAIRE VIVRE L’ART QUEER À LORIENT

Au détour d’une conversation entamée sur les réseaux sociaux, nous avons proposé à Jiruma Vixen, dragqueen lorientaise, une rencontre, pour qu’elle nous explique ce que représente son art, ses débuts dans la campagne bourguignonne, mais aussi ses émotions, et le rôle qu’elle interprète dans la scène drag lorientaise. Une heure et quart d’échanges riches autour d’un thé glacé, d’un brownie et de pintes !

Originaire de Bourgogne, Jiruma se met en drag ponctuellement à l’époque, depuis cinq ou six ans, dans un cabaret local, sous les traits d’une danseuse, accompagnant son père de drag Georges Mambo. Bref, des soirées qui lui permet d’explorer le genre.

Arrivée il y a plus de trois ans à Lorient, elle assiste à plusieurs soirées drag d’À l’Abordrag soirée du drag king Edmond Séant venant de la scène rennaise et qui a originé les premiers dragshows à Lorient. C’est d’ailleurs après avoir participé à l’édition de novembre 2023 que Jiruma obtient l’aval de lancer ses propres soirées : les Drag’émonium. La première aura lieu en janvier de l’année suivante. Elle nous explique que « tout est à faire sur Lorient » afin de créer une scène drag lorientaise. N’oublions pas tout de même que dès cette époque, DJ Tonkar et Monica Gole (assistez à leurs
performances d’ailleurs !
) sont présentes à Lorient bien que dans un registre légèrement distinct.

Elle s’élance plus sérieusement il y a un moins de deux ans, au côté de son acolyte drag queer, devenu ami·e, Lily Borea, en novembre 2023. Iels deviennent des précurseureuses du drag à Lorient.

Cette ville, moyenne, va devenir une référence sur la scène bretonne. Mais pour autant rien n’a été si facile pour en arriver là. La région ou le pays lorientais, très connoté à droite, voir à l’extrême droite par endroit, est un challenge. Jiruma recevra de nombreux commentaires haineux après son interview au Télégramme, le 19 avril 2024.

Alors si rien n’est aisé, si la précarité du drag est réelle (pour se lancer, il est estimé que 250 € est nécessaire rien que pour le maquillage) ou est chronophage avec les multi casquettes, il faut saluer l’investissement de
chacun·es des drags pour faire briller Lorient dans le Grand Ouest, de Brest à Tours, et au delà.

À Lorient, avec le drag, Jiruma trouve des réponses à ses questions et ce grâce au drag. Elle explique qu’il « faut faire vivre l’art queer » et transmettre « ses émotions, ses tripes, ses souffrances, ses envies et ses espoirs ». Très souvent hosting (ou hôte de soirée), elle s’épanouit dans ce rôle avec comme figure la drag étasunienne, Bianca Del Rio.

Jiruma, soutenus par son entourage familial, assume sa genderfluidité par le drag et revendique désormais ses positions.

Dans la ville aux sept ports, les lieux où se produisent les artistes sont toujours plus nombreux. Jiruma et les drags sont disponibles aussi. Les drags shows sont des endroits, des « safes places » comme elle le rappelle, dans lesquelles les drags sont disponibles, à l’écoute pour les personnes en questionnement ou isolées socialement notamment des personnes jeunes et membres de la communauté LGBTQIA+. À Lorient, le drag est un art
militant, un drag présent !

Nous finissons notre rencontre sur la question militante, sur ce qui se passe actuellement en Hongrie, sur la montée du fascisme, sur les personnalités queer « qui doivent se positionner », car le schéma de la Seconde Guerre mondiale n’est pas à reproduire et qu’il faut faire front ensemble ! Le discours de Jiruma Vixen, le samedi 28 juin dernier, lors de la cinquième édition de la Pride lorientaise abondait dans ce sens.

Cette heure et quart d’échange passionné mais nécessaire fût très agréable.

Nous invitons chacun·es d’entre vous à découvrir ou à re-découvrir les performances des drags lorientaises, car cet art, le drag, doit vivre pour s’émanciper de toute forme d’oppressions ! Jiruma nous confiera d’ailleurs qu’une pause estivale « n’est pas possible » et nous ne sommes pas étonné·es vu l’engouement qu’elle porte et que nous portons à son art.

Dans cette publication, on parle en grande partie de Jiruma, mais il ne faut pas omettre tous·tes les drags lorientais·es qui performent de leur art pratiquement chaque week-end.

UNE PRIDE LORIENTAISE FESTIVE ET REVENDICATIVE

Le samedi 28 juin, plus de 1 500 personnes ont défilé dans les rues du centre-ville de Lorient pour la cinquième édition de la Pride.

Dès 14h, des stands de goodies artisanaux, de collectifs ou d’organisations, installent un village éphémère, place Glotin. Sur le balcon du Palais des Congrès, on aperçoit le drapeau LGBT accompagné de celui de la Palestine. Ce dernier sera présent lors du défilé aux côtés de nombreux drapeaux queer.

Peu après 15h30, un premier char donne le coup d’envoi de la marche et se positionne en tête de cortège derrière la banderole « Queer et Fièr·x·es ». Sous un soleil de plomb, l’ambiance monte rapidement. Des tenues couvertes de paillettes et des visages parés de maquillages éclatants s’élance.

Sur le char, plusieurs artistes drags breton·nes, accompagné·es d’un DJ, enchaînent les performances.

La tête de cortège est joyeuse et festive.

En milieu de cortège, plusieurs militant·es du pays lorientais, donnent de la voix et se relayent. Devant les bars de la place Jules Ferry et pendant tout le long du parcours résonnent les « Siamo Tutti Antifascisti », « Queer, Déter, et Révolutionnaires », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « ou le génial mais néanmoins nécessaire » « Pas de
fachos, plus de drags shows ».

De chouettes pancartes sont tendues dans les airs.

Cette partie du cortège, déterminée et revendicative, s’époumonera jusqu’à la fin du défilé. Face à l’internationale réactionnaire et fasciste, il est
important de repolitiser les prides et l’exemple de samedi est important pour nos luttes futures.

Un deuxième char anime la fin de cortège, où l’on retrouve deux vélos triporteurs pour l’accessibilité de tous·tes, et le reste des manifestant·es.

De retour sur la place Glotin, après une pause bien méritée, discours et drags shows s’enchaînent pour le plaisir des personnes toujours présentes.

Entre manifestation revendicative et fête, cette cinquième édition de la Pride lorientaise a tenu ses promesses et a su faire face à l’extrême droite.

Les actes ignobles et horribles des nervis lorientais de ces derniers jours n’ont pas découragé les 1 500 participant·es.

Face à l’extrême droite, ensemble, nous ne devons rien céder !

AUX ORIGINES DE LA PRIDE : STONEWALL

Le 28 juin 1969, alors qu’un énième raid policier s’organise face au Stonewall Inn, bar new yorkais situé dans le quartier de Greenwich Village, des gays, deslesbiennes, des trans et des drags ripostent face à une nouvelle offensive répressive.

À la fin des années 1960, de nombreux mouvements voient le jour aux États-Unis. Le Black Power s’affirme, la protestation contre la guerre du Vietnam grandit et le mouvement féministe prend de l’ampleur.

Pour autant, l’homosexualité reste un crime. Illégale dans tous les Etats-Unis (à l’exception de l’Illinois), les actes charnels entre adultes de même sexe sont punis deprison. A l’époque, la législation interdit également le
travestissement. A San Francisco, par exemple, il est prohibé jusqu’en 1974.

Sur la côte Est, la ville de New York, en particulier Greenwich Village, est un haut lieu de la vie gay étatsunienne. Le Stonewall Inn, malgré son bar vétuste, tenu par par le mafieux « Fat Tony » et qui n’a guère de considérations pour ses client·es, attire de nombreux·ses personnes queer.

Pour autant, les raids policiers sont fréquents. À chaque fois, ils sont accompagnés de contrôles d’identité et d’humiliations. Les personnes LGTBQ sont profilé·es,violenté·es, harcelé·es, très souvent arrêté·es ou subissent des viols correctifs. Le 28 juin, le bar est bondé. Dehors, comme à l’intérieur, il fait une très grosse chaleur. Mediapart explique que « les Rolling Stones viennent de passer sur le juke-box et des go-go boys en bikini lamé doré dansent sur la piste. Vers 1h20 du matin, six policiers, menés par l’inspecteur adjoint Seymour Pine, toquent à la porte ».

Le Stonewall Inn, Pine veut le fermer depuis longtemps. Il hurle alors « Nous prenons possession du lieu ! ». Les client·es sont contrôlées à tour de rôle. Certain·es s’agacent et refusent de montrer leurs cartes d’identité. D’autres s’inquiètent ou s’indignent.

Ne souhaitant pas se disperser et quitter les lieux, iels attendent celleux qui sont resté·es à l’intérieur. Une foule s’amasse peu à peu et chaque sortie est applaudie. Au fil des minutes, la tension monte, l’irritation se lit sur les visages. Ce 28 juin sera la fois de trop !

Excédé·es par la répression et les provocations policières, les client·es du bar répondent. Une lesbienne butch, frappée par un policier, refuse de se laisser embarquer, se démène et commence à se révolter. De nombreuses
lesbiennes l’imitent. Les premiers projectiles fusent obligeant les policiers à se retrancher dans le bar.

Le Stonewall Inn est pris d’assaut : vitres cassées, porte d’entrée enfoncée. David Carter, auteur de Stonewall : the riots that sparked the gay revolution, explique que ce soir-là, les meneureuses sont les « éléments les plus méprisés et marginaux de la communauté lesbienne, gay, bi et transgenre ».

Parmi elleux, on retrouve Jackie Hormona, Zazu Nova, Marsha P. Johnson, Sylvia Rivera, et bien d’autres.

Si Marsha P. Johnson n’est pas présente aux débuts du soulèvement, elle arrive accompagnée de son amie Sylvia Rivera vers 2h du matin. Marsha, qui a 23 ans à l’époque, est une femme noire transgenre. Personnalité
flamboyante et iconique, elle est la reine du Greenwich Village.

Avec les événements de Stonewall, Marsha P. Johnson devient l’un des visages de la Queer Revolution. Activiste toujours souriante, elle sera une fervente défenseuse des jeunes LGTBQ+ sans-abri, des personnes touchées par le VIH et le sida, ainsi que des droits des homosexuel·les et des personnes transgenres.

Pour en revenir à Stonewall, la première nuit de révolte provoque des courses-poursuites et des affrontements, suivie par plusieurs autres, soit six au total. Ce soulèvement, bien que n’étant pas le premier, reste dans les mémoires collectives comme étant le point de bascule de la visibilité homosexuelle et du mouvement gay.

La première Pride ou marche des fiertés aura lieu le 29 juin 1970 à New York. Stonewall marque l’essor de nouvelles organisations, d’une nouvelle presse, d’un nouvel activisme comme le Gay Liberation Front ou le Street Transvestite Action Revolutionaries (STAR) auxÉtats-Unis.

Durant trois ans, le STAR, fondé sur l’entraide par Marsha P. Johnson et Sylvia Rivera, va fournir des logements et des soutiens financiers aux jeunes queer et aux travailleureuses du sexe sans-abri dans les quartiers sud de Manhattan.

Malgré sa brève existence (1970-1973), le collectif est considéré comme un modèle et une organisationpionnière dans le mouvement de libération gay et transgenre.

Si Stonewall a du sens aujourd’hui, c’est que depuis les colères légitimes n’ont pas disparues. Plus de cinquante ans après, la queerphobie augmente partout. Le régime hétéropatriarcal tue. Et l’homosexualité reste interdite dans plus de 70 pays dans le monde…

Alors hasard du calendrier ou coïncidence, la cinquième édition de la Pride lorientaise a eu lieu le samedi 28 juin dernier. À nous de rendre hommage à tous·tes celleux qui, une nuit de juin 1969, se sont levé·es pour le droit à l’auto-détermination, l’émancipation et pour résister tout simplement !